mardi 15 juin 2010

Arnold Schwarzenegger et le ‘beau Danube bleu’ (Basse politique californienne)

Armelle Vincent écrit récemment dans le Figaro qu’Arnold Swarzenegger a conquis les coeurs californiens. Elle est en tout cas visiblement tombée sous le charme de l’ancien acteur devenu gouverneur. Mais il s’agit plus, ici, d’un homme en campagne électorale, qu’un ancien élu expliquant son bilan. La journaliste détaille le soin que porte Arnold Schwarzenegger à sa présentation extérieure. Elle complète ensuite son argumentaire par la liste des soutiens, aussi nombreux que récents du ghotta hollywoodien ; les girouettes donnent toujours le sens du vent. Dans les rédactions, tout le monde estime le vote prochain en Californie comme joué d’avance. A en croire la journaliste, le seul sceptique serait l’adversaire démocrate du gouverneur actuel. Celui-ci semble vouloir ne pas se résoudre à accepter la défaite prédite, et dénonce l’absence de principe d’Arnold Schwarzenegger.Il ne manque aucun atout au futur réélu. Ainsi, le gouverneur républicain multiplie les piques contre le président G.W. Bush - comme c’est original !- celui-là même qui par sa décision d’intervenir en Irak a donné un coup de pouce au budget des Armées, sans précédent depuis la guerre du Vietnam. Or l’économie californienne doit beaucoup au complexe militaro-industriel. L’US Navy y détient des bases importantes (San Francisco / San Diego) depuis que les Etats-Unis s’intéressent au Pacifique, tout comme l’US Air Force qui a choisi la région pour ses conditions climatiques, son ensoleillement : pour les prototypes comme pour les avions en dotation. De grands industriels californiens - McDonnell Douglas, Rockwell, etc - remplissent leur carnets de commande par les seuls achats de l’armée américaine [voir ceci ]. Des milliers d’emplois supplémentaires gravitent en outre de façon indirecte autour des bases militaires et des industries de défense.Armelle Vincent - j’en reviens à son article - ajoute qu’Arnold Schwarzenegger a été très courageux. Sur ses recommandations, le ‘procureur général de Californie, Bill Lockyer, a engagé des poursuites judiciaires contre les six plus grands constructeurs automobiles du marché américain afin qu’ils réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre.‘ Le lecteur n’aura pas oublié le constat dressé récemment sur l’aire urbaine de Los Angeles. Qu’y a-t-il de courageux dans le fait d’incriminer des industriels, en se gardant de s’en prendre à leurs clients, c’est-à-dire ceux qui les font vivre ? Une grande partie de la Californie constitue le laboratoire - grandeur nature de l’expérimentation sans frein de l’automobile. Sans frein, mais non sans inconvénients. J’ai évoqué le sprawl il y a quelques jours, ou étalement horizontal de l’urbanisme, mais on pourrait varier l’angle d’attaque en évoquant la question des bouchons quotidiens. Le film Chute Libre (avec Michael Douglas) commence justement par une vision dantesque de l’un de ces rassemblements de voitures sous un soleil de plomb, moteurs et climatisation allumés.
“Afin de recentrer son image, Arnold Schwarzenegger n’hésite plus à défendre les homosexuels et à parler des dangers du réchauffement climatique.” Je ne vois pas bien le rapport. Il est possible - mais j’extrapole probablement avec cette allusion à la nationalité d’origine de Conan - Terminator - que si les Autrichiens vivaient en grand nombre à San Francisco, le gouverneur républicain se mettrait à valser, et à porter des culottes de cuir… Peut-être se mettrait-il à lire Zweig ou Freud ?
Ou quand la politique amène à la géographie…
PS. / Dernier article sur la Californie : ici.

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