Grâce à Swissroll, je découvre dans la revue des Mondes musulmans et de la Méditerranée un commentaire un peu ancien de La maladie de l’islam [Abdelwahab Meddeb / Paris, Seuil, (coll. La couleur des idées), 2002, 222p.] par Sylvie Denoix (ici). Point n’est besoin d’en reprendre l’argumentaire puisque chacun peut y accéder. J’en tire un extrait particulièrement remarquable :
‘L’auteur, fin connaisseur de maints aspects de la richesse de la civilisation musulmane, de ses apports littéraires, philosophiques, artistiques… évoque notamment la réflexion d’Averroès, favorable à l’égalité des sexes et à l’émancipation des femmes par le travail (p.41-42). Il cite aussi la correspondance de Lady Montagu, femme de l’ambassadeur anglais à Istanbul au début du XVIIIème siècle. De cette correspondance, on retient l’idée que l’islam protège la liberté individuelle, est la religion la plus tolérante de la planète (c’est effectivement dans l’Empire ottoman que les Juifs persécutés en Europe, en Espagne notamment, ont trouvé refuge). On peut se demander si ce n’est pas ce courant-là, libéral, qui aurait émergé si l’empire n’avait pas fait alliance avec l’Allemagne et, du coup, en 1918, n’avait été vaincu et dépecé par les puissances occidentales ayant gagné la guerre, la France et la Grande-Bretagne’.
Plutôt que d’ironiser sur la connaissance réelle des religions de cette épouse de diplomate, je me bornerai à simplement nuancer le commentaire de Syvie Denoix, celui qu’elle glisse entre parenthèses. Car les persécutions contre les Juifs en Espagne ont effectivement conduit nombre d’entre eux à s’exiler en Afrique du Nord, c’est-à-dire dans une aire géographique qu’il faut bien définir. Car l’autorité ottomane sur le bey (de Tunis) et le dey (d’Alger) était plus théorique qu’effective. Au Maroc, si proche de l’Espagne, les dynasties ont régné de part et d’autre du détroit de Gibraltar, en situation d’indépendance quasi complète vis-à-vis du sultan d’Istanbul. Peut-on même parler de dépaysement entre le califat Grenade et le Maroc ?
L’extrait se termine par une interrogation forte, même si sa façon de personnifier les nations me chiffonne un peu. A Londres et à Paris, l’ignorance géographique mêlée à l’idéologie nationaliste a transformé la destruction de l’empire Ottoman en objectif de guerre après la fixation du front à l’Ouest (à l’automne 14) ; un parmi d’autres, me dira-t-on. Il n’en reste pas moins que les nationalistes grecs d’un côté et les Jeunes Turcs de l’autre cherchaient bien avant le premier conflit mondial à se débarasser d’un empire bêtement paré de toutes les tares; indépendamment des Français ou des Britanniques. Mais je rejoins Sylvie Denoix sur le fond, concernant les funestes et tardives conséquences de l’effondrement ottoman de 1918.
‘L’auteur, fin connaisseur de maints aspects de la richesse de la civilisation musulmane, de ses apports littéraires, philosophiques, artistiques… évoque notamment la réflexion d’Averroès, favorable à l’égalité des sexes et à l’émancipation des femmes par le travail (p.41-42). Il cite aussi la correspondance de Lady Montagu, femme de l’ambassadeur anglais à Istanbul au début du XVIIIème siècle. De cette correspondance, on retient l’idée que l’islam protège la liberté individuelle, est la religion la plus tolérante de la planète (c’est effectivement dans l’Empire ottoman que les Juifs persécutés en Europe, en Espagne notamment, ont trouvé refuge). On peut se demander si ce n’est pas ce courant-là, libéral, qui aurait émergé si l’empire n’avait pas fait alliance avec l’Allemagne et, du coup, en 1918, n’avait été vaincu et dépecé par les puissances occidentales ayant gagné la guerre, la France et la Grande-Bretagne’.
Plutôt que d’ironiser sur la connaissance réelle des religions de cette épouse de diplomate, je me bornerai à simplement nuancer le commentaire de Syvie Denoix, celui qu’elle glisse entre parenthèses. Car les persécutions contre les Juifs en Espagne ont effectivement conduit nombre d’entre eux à s’exiler en Afrique du Nord, c’est-à-dire dans une aire géographique qu’il faut bien définir. Car l’autorité ottomane sur le bey (de Tunis) et le dey (d’Alger) était plus théorique qu’effective. Au Maroc, si proche de l’Espagne, les dynasties ont régné de part et d’autre du détroit de Gibraltar, en situation d’indépendance quasi complète vis-à-vis du sultan d’Istanbul. Peut-on même parler de dépaysement entre le califat Grenade et le Maroc ?
L’extrait se termine par une interrogation forte, même si sa façon de personnifier les nations me chiffonne un peu. A Londres et à Paris, l’ignorance géographique mêlée à l’idéologie nationaliste a transformé la destruction de l’empire Ottoman en objectif de guerre après la fixation du front à l’Ouest (à l’automne 14) ; un parmi d’autres, me dira-t-on. Il n’en reste pas moins que les nationalistes grecs d’un côté et les Jeunes Turcs de l’autre cherchaient bien avant le premier conflit mondial à se débarasser d’un empire bêtement paré de toutes les tares; indépendamment des Français ou des Britanniques. Mais je rejoins Sylvie Denoix sur le fond, concernant les funestes et tardives conséquences de l’effondrement ottoman de 1918.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire