mardi 15 juin 2010

Berlin paiera (De l’endettement des collectivités locales en Allemagne).

On apprend, grâce au Figaro d’hier que Berlin traverse une crise financière profonde, si grave que ses édiles cherchent à obtenir des aides de l’Etat. Cécile de Corbière résume la situation : d’un côté, des dettes impressionnantes - si on les rapporte à la population (3 400 000 Berlinois) - évaluées à 60 milliards d’euros, de l’autre une municipalité qui cherche des aides extérieures afin d’éviter la banqueroute. Pour l’heure, le tribunal de Karlsruhe laisse peu d’espoirs aux Berlinois.
La capitale allemande ne fait pas pitié, sous-entend la journaliste, avec ses ‘153 musées et 3 opéras’, son patrimoine immobilier estimé à cinq milliards d’euros. Le train de vie berlinois doit changer. Et l’indulgence passée, liée à la séparation des deux Allemagnes, au statut spécifique de Berlin, doit disparaître. Pendant quatre décennies, la ville – enclave a bénéficié d’une aide importante versée par l’ensemble des Allemands de l’Ouest. Jusqu’en 1994, l’Etat ‘prenait en charge la moitié du budget de Berlin-Ouest’. Elle récoltait en outre les dividendes d’une présence étrangère statutairement constituée par les militaires américains, britanniques et français en garnison à Berlin. Autres temps, autres mœurs…
La coalition au pouvoir dans le länd, qui englobe des communistes, n’obtiendra rien. Les subventions ne créent donc qu’une culture de l’assistance, provoquent une accoutumance dont il est difficile de se départir. Les slogans démagogiques débouchent finalement sur des impasses financières. La politique économique jugée trop généreuse en matière d’éducation et d’aides sociales est ainsi critiquée. ‘’Promettre la gratuité pour les jardins d’enfants et refuser d’introduire des taxes universitaires, c’est ne pas comprendre la gravité de la situation’, avait déclaré le ministre des finances du Bade-Wurtenberg, Gerhard Stratthaus (CDU).’
Mais l’Allemagne ne doit-elle pas lutter contre le vieillissement de sa population ? Ne passe-t-on pas d’un conformisme à un autre ? Berlin isolée en RDA, rempart contre la menace rouge serait devenue Berlin l’arrogante, celle qui a volé son statut de capitale à Bonn, qui symbolise le déplacement du centre de gravité de la République Fédérale des abords du Rhin en direction du Brandebourg, cinq cents kilomètres plus à l’Est. Jalousie vis-à-vis d’une ville en chantier permanent, rancune vis-à-vis d’une démesure qui a rompu avec le provincialisme rhénan. Berlin paiera, affirme-t-on en Allemagne, en paraphrasant le slogan à courte vue d’hommes politiques français ; le monde d’hier face au monde d’aujourd’hui…

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