Dans le Figaro de ce jour, Judith Waintraub fait la démonstration que les beaux parleurs tombent plus facilement que d’autres dans le piège de la facilité. La journaliste relate ici ce que les politologues et observateurs considèrent sans doute comme un passage obligé en France dans la course à la présidence. Faut-il la suivre lorsqu’elle sous-entend que Jacques Chirac serait la référence absolue sur le sujet du monde rural ? La suite permet d’en douter.
Le candidat présenté par Judith Waintraub s’inspirerait donc des idées de son prédécesseur, plusieurs fois prétendant à l’Elysée. La première à laquelle il adhère touche à la préférence communautaire. Celle-ci est à ses yeux au centre de la politique agricole commune. Il faut donc réviser l’idée selon laquelle la PAC conduit surtout à redistribuer des fonds publics – au prix d’un déséquilibre chronique du budget européen – pour soutenir les prix des matières premières agricoles sur les marchés mondiaux.
Le candidat continue sur la PAC. Elle ’doit aller jusqu’au bout de ses engagements, elle doit être mieux expliquée, mieux défendue.’ Mais ne doit-elle pas craindre davantage sa fragilité ou ses incohérences plutôt que ses ennemis ? Ces derniers ne manquent pourtant pas dans l’Union, qui souhaiteraient resserrer le budget communautaire, et ainsi restreindre indirectement les subventions agricoles. Ils ont beau jeu de rappeler qu’elles provoquent des effets contradictoires, et se révèlent souvent très injustes. Les primes à la production récompensent les grosses exploitations bien plus que les petites qui en auraient en théorie le plus besoin. La productivité subventionnée conduit à l’uniformisation des paysages, à l’extinction de la biodiversité et à la mise sous dépendance financière des agriculteurs ; guère éloignée d’une fonctionnarisation de la profession – par le biais de subventions payées à la tâche – recommandée par d’autres candidats.
Mais revenons à l’article. Le candidat prône le retour à plus de simplicité administrative : qui s’en offusquera ? Il désire également lutter à l’OMC contre ‘le dumping social, fiscal, sanitaire’ des grands concurrents agricoles de l’Europe.’ Mais les exportateurs australiens, argentins, brésiliens ou nord-américains se plaignent des mêmes maux. Ils dénoncent la politique de l’Union Européenne en reprenant rigoureusement les mêmes accusations. Concernant les biocarburants et les véhicules propres, Judith Waintraub ne fait l’écho que d’intentions imprécises. Mais le candidat veut aussi convaincre en recourant aux arguments du cœur. ‘Moi, j’ai l’ambition de parler de toute la France’, a-t-il affirmé, en assurant qu’ ‘il y a beaucoup à s’inspirer de la façon dont on vit dans la ruralité française, des valeurs que l’on a trop tendance à oublier en milieu urbain’. Quelle définition donne-t-il à l’expression milieu urbain ?
Dans quelle catégorie les 15 à 20 % de Français citadins résidant sur une commune de moins de 2 000 habitants rentrent-ils (pour cette raison appelés néo - ruraux) ? Ils viennent travailler ou faire leur course en ville et retournent le soir ou le week-end à la campagne ; ruraux bien difficilement assimilables à des agriculteurs. Pourtant, le candidat assène à son auditoire sa conviction que (sous-entendu, chez les ruraux) ‘quand on ne se lève pas le matin, personne ne le fera à votre place, que l’on a ce que l’on mérite, la solidarité, une main qu’on doit tendre, le refus de l’indifférence’. Ah, quelle belle campagne !
A la question posée au départ, je répondrai donc que le candidat – ministre tient la comparaison avec Jacques Chirac, si j’en juge par l’argumentaire retranscrit par la journaliste du Figaro : mêmes imprécisions confinant au contresens (ruraux ≠ agriculteurs), même populisme, mêmes promesses de mesures en trompe-l’œil, dont le seul mérite est de refléter l’air du temps. J’en ai finalement presque oublié le nom du présidentiable !
Le candidat présenté par Judith Waintraub s’inspirerait donc des idées de son prédécesseur, plusieurs fois prétendant à l’Elysée. La première à laquelle il adhère touche à la préférence communautaire. Celle-ci est à ses yeux au centre de la politique agricole commune. Il faut donc réviser l’idée selon laquelle la PAC conduit surtout à redistribuer des fonds publics – au prix d’un déséquilibre chronique du budget européen – pour soutenir les prix des matières premières agricoles sur les marchés mondiaux.
Le candidat continue sur la PAC. Elle ’doit aller jusqu’au bout de ses engagements, elle doit être mieux expliquée, mieux défendue.’ Mais ne doit-elle pas craindre davantage sa fragilité ou ses incohérences plutôt que ses ennemis ? Ces derniers ne manquent pourtant pas dans l’Union, qui souhaiteraient resserrer le budget communautaire, et ainsi restreindre indirectement les subventions agricoles. Ils ont beau jeu de rappeler qu’elles provoquent des effets contradictoires, et se révèlent souvent très injustes. Les primes à la production récompensent les grosses exploitations bien plus que les petites qui en auraient en théorie le plus besoin. La productivité subventionnée conduit à l’uniformisation des paysages, à l’extinction de la biodiversité et à la mise sous dépendance financière des agriculteurs ; guère éloignée d’une fonctionnarisation de la profession – par le biais de subventions payées à la tâche – recommandée par d’autres candidats.
Mais revenons à l’article. Le candidat prône le retour à plus de simplicité administrative : qui s’en offusquera ? Il désire également lutter à l’OMC contre ‘le dumping social, fiscal, sanitaire’ des grands concurrents agricoles de l’Europe.’ Mais les exportateurs australiens, argentins, brésiliens ou nord-américains se plaignent des mêmes maux. Ils dénoncent la politique de l’Union Européenne en reprenant rigoureusement les mêmes accusations. Concernant les biocarburants et les véhicules propres, Judith Waintraub ne fait l’écho que d’intentions imprécises. Mais le candidat veut aussi convaincre en recourant aux arguments du cœur. ‘Moi, j’ai l’ambition de parler de toute la France’, a-t-il affirmé, en assurant qu’ ‘il y a beaucoup à s’inspirer de la façon dont on vit dans la ruralité française, des valeurs que l’on a trop tendance à oublier en milieu urbain’. Quelle définition donne-t-il à l’expression milieu urbain ?
Dans quelle catégorie les 15 à 20 % de Français citadins résidant sur une commune de moins de 2 000 habitants rentrent-ils (pour cette raison appelés néo - ruraux) ? Ils viennent travailler ou faire leur course en ville et retournent le soir ou le week-end à la campagne ; ruraux bien difficilement assimilables à des agriculteurs. Pourtant, le candidat assène à son auditoire sa conviction que (sous-entendu, chez les ruraux) ‘quand on ne se lève pas le matin, personne ne le fera à votre place, que l’on a ce que l’on mérite, la solidarité, une main qu’on doit tendre, le refus de l’indifférence’. Ah, quelle belle campagne !
A la question posée au départ, je répondrai donc que le candidat – ministre tient la comparaison avec Jacques Chirac, si j’en juge par l’argumentaire retranscrit par la journaliste du Figaro : mêmes imprécisions confinant au contresens (ruraux ≠ agriculteurs), même populisme, mêmes promesses de mesures en trompe-l’œil, dont le seul mérite est de refléter l’air du temps. J’en ai finalement presque oublié le nom du présidentiable !
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