Résumé reformulé de l'article du jour : Les universités ouvrent leurs portes au privé. Plus d'un siècle de partenariats avec les entreprises : " Aux Etats-Unis, les liens entre les universités et le secteur privé sont légion. Imaginez plutôt : des maillots Coca-Cola sur le dos des joueurs d'une équipe universitaire [...] ; un centre de recherches médicales du très réputé Massachusetts Institute of Technology (MIT) baptisé au nom de l'entreprise pharmaceutique Novartis. [...] Pratiquement chaque université aux Etats-Unis possède son département pour le partenariat avec les entreprises (Corporate Partnership). Les alliances sont diverses et variées : pour 10.000 dollars (7.000 €) ou 20.000 annuels, une marque peut devenir le sponsor d'un événement sportif de la faculté, contribuer à la réfection d'une salle de conférence ou d'une bibliothèque , offrir des bourses. [...] Aujourd'hui, plus de 200 compagnies privées du monde entier s'appuient sur la recherche du MIT. Novartis, qui finance un laboratoire en recherche médicale au sein de l'Institut, vient de signer un contrat de 68 millions de dollars (49 millions d'euros) avec la faculté pour trouver de nouvelles solutions techniques au conditionnement de ses médicaments. "
Pourquoi les entreprises acceptent-elles de s'engager ? " Une visibilité accrue auprès des étudiants, sur le campus, dans le journal de la faculté et sur son site Internet, un accès privilégié aux futures recrues potentielles lors des journées de recrutement, la participation de l'entreprise aux cours et à des conférences organisées par l'université. " Et l'investissement dans le but d'alléger la charge fiscale ? Les étudiants nord-américains paient par ailleurs fort cher - leurs parents, plus exactement (non sans arrière-pensées) - le droit de suivre des cours dans telle ou telle université...
Premier inconvénient, le partage du copyright. "Plus récemment, en 1985, le décret Bayh-Dole donne aux universités et aux entreprises commerciales qui leur sont associées le contrôle sur la propriété intellectuelle des innovations développées avec de l'argent fédéral." Second inconvénient, la perte d'indépendance. " Dans un monde très compétitif, les universités sont sous pression pour attirer les grosses entreprises, ce qui influence forcément leur domaine de recherche [...] D'autre part, le rôle d'une université est normalement de servir d'arbitre. Or il peut exister un conflit d'intérêts entre ce rôle et le but commercial de l'entreprise qui finance le projet." [La Croix du lundi 29 octobre 2007 / P.9 / Stéphanie Fontenoy]
CONCLUSION (oublée par Mme Fontenoy] : il existe trois catégories d'universitaires. 1. Les universitaires pragmatiques qui savent leur recherche directement utilisable et qui sont capables d'intéresser les entreprises, participent au vaste mouvement d'externalisation des activités longtemps assumées par des laboratoires internes aux entreprises. Ce n'est ni immoral ni discutable, mais alors l'enseignement ne présente plus aucune utilité. 2. Les universitaires pragmatiques qui savent leur recherche directement utilisable, mais qui sont incapables d'intéresser les entreprises, doivent courir après des financements publics. Or ils sont si nombreux, que cela implique une forte concurrence et la nécessité d'être attrayants : l'étude du réchauffement climatique paiera mieux que celle des glaciations du Quaternaire. Toute approche généraliste caractéristique de la vulgarisation se situant à l'exact opposé de la recherche, l'universitaire chercheur devra se résoudre à enseigner. Il lui faudra rentrer dans des amphis mais avec des étudiants incapables - ce n'est pas un défaut, loin s'en faut - de comprendre les tenants et aboutissants d'une spécialité pointue. Que faire cependant s'il se trompe de domaine attrape-subventions ? 3. Les universitaires rêveurs qui savent leur recherche inutile pour des entreprises. Et qui espèrent que la puissance publique continuera à les épauler (d'un côté ou de l'autre de l'Atlantique, qu'importe ?). Déception probable...
Pendant ce temps, les Humanités dépérissent.
Pourquoi les entreprises acceptent-elles de s'engager ? " Une visibilité accrue auprès des étudiants, sur le campus, dans le journal de la faculté et sur son site Internet, un accès privilégié aux futures recrues potentielles lors des journées de recrutement, la participation de l'entreprise aux cours et à des conférences organisées par l'université. " Et l'investissement dans le but d'alléger la charge fiscale ? Les étudiants nord-américains paient par ailleurs fort cher - leurs parents, plus exactement (non sans arrière-pensées) - le droit de suivre des cours dans telle ou telle université...
Premier inconvénient, le partage du copyright. "Plus récemment, en 1985, le décret Bayh-Dole donne aux universités et aux entreprises commerciales qui leur sont associées le contrôle sur la propriété intellectuelle des innovations développées avec de l'argent fédéral." Second inconvénient, la perte d'indépendance. " Dans un monde très compétitif, les universités sont sous pression pour attirer les grosses entreprises, ce qui influence forcément leur domaine de recherche [...] D'autre part, le rôle d'une université est normalement de servir d'arbitre. Or il peut exister un conflit d'intérêts entre ce rôle et le but commercial de l'entreprise qui finance le projet." [La Croix du lundi 29 octobre 2007 / P.9 / Stéphanie Fontenoy]
CONCLUSION (oublée par Mme Fontenoy] : il existe trois catégories d'universitaires. 1. Les universitaires pragmatiques qui savent leur recherche directement utilisable et qui sont capables d'intéresser les entreprises, participent au vaste mouvement d'externalisation des activités longtemps assumées par des laboratoires internes aux entreprises. Ce n'est ni immoral ni discutable, mais alors l'enseignement ne présente plus aucune utilité. 2. Les universitaires pragmatiques qui savent leur recherche directement utilisable, mais qui sont incapables d'intéresser les entreprises, doivent courir après des financements publics. Or ils sont si nombreux, que cela implique une forte concurrence et la nécessité d'être attrayants : l'étude du réchauffement climatique paiera mieux que celle des glaciations du Quaternaire. Toute approche généraliste caractéristique de la vulgarisation se situant à l'exact opposé de la recherche, l'universitaire chercheur devra se résoudre à enseigner. Il lui faudra rentrer dans des amphis mais avec des étudiants incapables - ce n'est pas un défaut, loin s'en faut - de comprendre les tenants et aboutissants d'une spécialité pointue. Que faire cependant s'il se trompe de domaine attrape-subventions ? 3. Les universitaires rêveurs qui savent leur recherche inutile pour des entreprises. Et qui espèrent que la puissance publique continuera à les épauler (d'un côté ou de l'autre de l'Atlantique, qu'importe ?). Déception probable...
Pendant ce temps, les Humanités dépérissent.
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