jeudi 17 juin 2010

La vie du Malawi. (des orphelins dans un pays en voie de développement)

A l’heure où la presse s’inquiète de l’adoption d’un enfant au Malawi par la chanteuse Madonna, l’envie de voyager en Afrique australe m’est venue. Dans l’article du Courrier International n°834 (du 26 oct. au 1er nov.), on trouvera les clefs pour comprendre l’affaire, et en particulier les raisons pour lesquelles le père du petit David – un veuf ayant perdu ses deux autres enfants – a renoncé à ses droits, faute de moyens pour l’éduquer… La vie de la diva présente moins d’intérêt que celle du Malawi. Il importe de se mettre au parfum : voir ici et .
Ainsi la terre des exploits de Livingstone, le Malawi, cesse d’être une colonie britannique en 1964. Le père de l’indépendance, Hastings Kamuzu Banda (1906 ? – 1997) aime tellement son pays qu’il en devient le président à vie, jusqu’en 1993. C’est sous son autorité qu’une politique linguistique insensée conduit d’une part à un taux d’analphabétisme record (42 % des adultes en 1999 – 2000), d’autre part à l’imposition d’une langue officielle – le chewa – correspondant à une ethnie minoritaire (les Chewa représentent 37 % de la population du Malawi) ; ou comment concilier acculturation et inutilité pratique.
H.K. Banda oriente également son pays dans le sens d’un alignement diplomatique régional sur l’Afrique du Sud. Comme d’autres, il bénéficie en retour du soutien des Occidentaux inquiets des tentatives de déstabilisation soviétiques dans la région. Mais les conséquences funestes de cette politique se manifestent quelques décennies plus tard. Les jeunes adultes partis travailler en Afrique du Sud ont ramené le sida (130 000 morts entre 1985 et 1995). Le Malawi perd en outre ses voies d’accès à l’océan Indien, à l’occasion de la guerre civile au Mozambique entre le Renamo (pro-Occidental) et le régime marxiste de Maputo (Frelamo). Or son économie fragile ne peut se passer ni de ses importations (croît naturel > 3 %), ni de ses exportations agricoles (thé, tabac…). Il assume de surcroît l’accueil de centaines de milliers de réfugiés mozambicains (1 million ?) : c’est-à-dire une surcharge de l’ordre de 10 à 20 % de population pour l’un des pays les plus pauvres de la planète. A Moscou ou à Washington, Lilongwe est si lointaine. Un peu plus tard, l’apartheid disparaît en Afrique du Sud. Le ballet diplomatique change de musiques dans les années 1990, et les spécialistes décrètent que l’Afrique australe a cessé d’être au coeur des relations internationales.
Où est donc le scandale au Malawi ?
Je préfère succomber bêtement aux arguments du Guardian, qui visent à pondérer leur critique envers Madonna, la diva ravisseuse (C.I. cité au départ) : « Au Malawi, la plupart des gens approuvent la décision de Yohane [le père] de laisser partir son enfant. « La pauvreté est telle ici que beaucoup de gens ont du mal à nourrir leurs enfants. », explique Boniface Tamani, président de la Commission des affaires publiques […] « David pourra faire des études qu’il n’aurait jamais pu faire en Afrique. Les riches de notre pays pourraient prendre exemple sur Madonna. » [Xan Rice]

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