Ainsi, un contentieux opposant l’Argentine à l’Uruguay prend une tournure quasi dramatique. D’après Christine Legrand, la Cour Internationale de Justice de La Haye saisie de plusieurs plaintes a rendu la semaine dernière (18 et 19 décembre 2006) un premier arbitrage en faveur de l’Uruguay : elle a rejeté la demande argentine d’une suspension de « la construction sur la rive uruguayenne du fleuve Uruguay de deux usines de cellulose financées par des capitaux européens. »
En attendant, des barrages routiers bloquent la circulation sur les trois ponts frontaliers, perturbent le commerce international et les migrations touristiques vers l’Uruguay (destination estivale qu’affectionnent de nombreux Argentins). Greenpeace revendique cette action de défense de l’environnement, mais ne trouve guère que des appuis du côté argentin ; selon l’association, « l’usine de fabrication de pâte à papier, construite par la firme finlandaise Botnia, va contaminer le fleuve Uruguay, affectant une population de 300 000 habitants. »
On peut craindre un pourrissement de cette affaire, puisque la CIJ ou encore le roi d’Espagne sollicité pour amener les plaignants à négocier, n’ont pour l’heure rien changé à la situation sur place. Tout laisse à penser que les deux présidents en place (Kirchner et Vazquez) jouent la carte de la surenchère nationaliste. L’histoire des deux pays leur apporte des munitions, avec une Grande Guerre (1839 – 1851) australe qui a laissé des traces dans les mémoires. Leur popularité en ressort malheureusement grandie. Au plan économique, les deux usines de pâte à papier concentrent 1,8 milliards de dollars d’investissement, sans équivalent dans l’histoire uruguayenne : les industriels papetiers en Argentine s’inquiètent sans doute davantage de cette soudaine concurrence si redoutable… Davantage que des menaces sur l’environnement !
Car la carte donne quelques indications… Admettons que les papeteries polluent le fleuve Uruguay, qui avec le Paraná forme l’estuaire de la Plata. Pourquoi limiterait-on à seulement 300 000 le nombre de personnes concernées ? Au minimum 25 millions d’habitants vivent sur les bords de la Plata, dont plus de la moitié pour l’aire urbaine de Buenos Aires. Il y a là une sous-évaluation manifeste !
A l’inverse, le rio de la Plata constitue l’unique débouché naturel d’un immense bassin versant, grand comme six fois la France (2,8 millions de km²), à cheval sur le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et l’Argentine. La rivière Paraguay prend par exemple sa source dans les collines du Mato Grosso, à 2.000 kilomètres au nord de l’Uruguay. Quant au Paraná, il draine les eaux de surface des plus grandes régions agricoles du Brésil, où l’on trouve les exploitations exportatrices de cacao, de café, de canne à sucre, de coton ou encore de tabac ; avec leur corollaire de produits phytosanitaires. Les eaux usées relâchées dans la nature par des centaines de milliers de Brésiliens terminent également dans le Rio de la Plata… Deux usines de pâte à papier changeraient donc quelque chose ?
La journaliste du Monde termine par un curieux face-à-face. « Insatisfait du peu de poids accordé aux petits pays, M. Vazquez a déjà menacé de se retirer, tandis que l’Argentine reproche au gouvernement uruguayen d’envisager la négociation d’un traité de libre-échange avec les Etats-Unis, jugé incompatible avec son appartenance au Mercosur. » Tous deux classés à gauche, les deux présidents ne parviennent pas à s’entendre (voir aussi ceci). Les populations paieront les pots cassés ; elles vont commencer à sentir les effets de cette querelle médiocre et stérile…
En toute impartialité, le commentateur ne peut que constater que le président argentin part avec un handicap dans cette affaire. C’est la deuxième fois en peu de temps qu’il use du nationalisme, en remettant sur le devant de la scène les vieux griefs de l’Argentine sur les Falkland britanniques. Que cherche-t-il à faire oublier ?
En attendant, des barrages routiers bloquent la circulation sur les trois ponts frontaliers, perturbent le commerce international et les migrations touristiques vers l’Uruguay (destination estivale qu’affectionnent de nombreux Argentins). Greenpeace revendique cette action de défense de l’environnement, mais ne trouve guère que des appuis du côté argentin ; selon l’association, « l’usine de fabrication de pâte à papier, construite par la firme finlandaise Botnia, va contaminer le fleuve Uruguay, affectant une population de 300 000 habitants. »
On peut craindre un pourrissement de cette affaire, puisque la CIJ ou encore le roi d’Espagne sollicité pour amener les plaignants à négocier, n’ont pour l’heure rien changé à la situation sur place. Tout laisse à penser que les deux présidents en place (Kirchner et Vazquez) jouent la carte de la surenchère nationaliste. L’histoire des deux pays leur apporte des munitions, avec une Grande Guerre (1839 – 1851) australe qui a laissé des traces dans les mémoires. Leur popularité en ressort malheureusement grandie. Au plan économique, les deux usines de pâte à papier concentrent 1,8 milliards de dollars d’investissement, sans équivalent dans l’histoire uruguayenne : les industriels papetiers en Argentine s’inquiètent sans doute davantage de cette soudaine concurrence si redoutable… Davantage que des menaces sur l’environnement !
Car la carte donne quelques indications… Admettons que les papeteries polluent le fleuve Uruguay, qui avec le Paraná forme l’estuaire de la Plata. Pourquoi limiterait-on à seulement 300 000 le nombre de personnes concernées ? Au minimum 25 millions d’habitants vivent sur les bords de la Plata, dont plus de la moitié pour l’aire urbaine de Buenos Aires. Il y a là une sous-évaluation manifeste !
A l’inverse, le rio de la Plata constitue l’unique débouché naturel d’un immense bassin versant, grand comme six fois la France (2,8 millions de km²), à cheval sur le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et l’Argentine. La rivière Paraguay prend par exemple sa source dans les collines du Mato Grosso, à 2.000 kilomètres au nord de l’Uruguay. Quant au Paraná, il draine les eaux de surface des plus grandes régions agricoles du Brésil, où l’on trouve les exploitations exportatrices de cacao, de café, de canne à sucre, de coton ou encore de tabac ; avec leur corollaire de produits phytosanitaires. Les eaux usées relâchées dans la nature par des centaines de milliers de Brésiliens terminent également dans le Rio de la Plata… Deux usines de pâte à papier changeraient donc quelque chose ?
La journaliste du Monde termine par un curieux face-à-face. « Insatisfait du peu de poids accordé aux petits pays, M. Vazquez a déjà menacé de se retirer, tandis que l’Argentine reproche au gouvernement uruguayen d’envisager la négociation d’un traité de libre-échange avec les Etats-Unis, jugé incompatible avec son appartenance au Mercosur. » Tous deux classés à gauche, les deux présidents ne parviennent pas à s’entendre (voir aussi ceci). Les populations paieront les pots cassés ; elles vont commencer à sentir les effets de cette querelle médiocre et stérile…
En toute impartialité, le commentateur ne peut que constater que le président argentin part avec un handicap dans cette affaire. C’est la deuxième fois en peu de temps qu’il use du nationalisme, en remettant sur le devant de la scène les vieux griefs de l’Argentine sur les Falkland britanniques. Que cherche-t-il à faire oublier ?
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