Le rapport Berland remis récemment au ministre de la Santé traite de cette question du vieillissement des médecins français, et de l’éventualité d’une levée du numerus clausus pour les étudiants au concours. En dehors du graphique principal, les données géographiques restent lacunaires. Elles apparaissent sous la forme du rapport entre nombre de médecins (généralistes & spécialistes) et nombre d’habitants par région. La statistique obtenue présente d’incontestables avantages, plus intelligente qu’une simple liste des quelques 200.000 médecins français répartis par région administrative. Mais il semble malencontreux de l’appeler densité. Pour obtenir une idée de la densité médicale, il faudrait rapporter le nombre de médecins par régions à la superficie des régions considérées.
On obtient ainsi le classement suivant : Ile-de-France (1 médecin pour 0,25 km²), Nord-Pas-de-Calais (1 pour 1,04 km²), Alsace (1 pour 1,34 km²), PACA (1 pour 1,61 km²), Rhône-Alpes (1 pour 2,25 km²), Haute-Normandie (1 pour 2,53 km²), France METROPOLITAINE (1 pour 2,67 km²), Bretagne (1 pour 2,95 km²), Languedoc-Roussillon (1 pour 3,02 km²), Lorraine (1 pour 3,40 km²), Pays de la Loire (1 pour 3,48 km²), Aquitaine (1 pour 3,90 km²), Picardie (1 pour 4,02 km²), Basse-Normandie (1 pour 4,42 km²), Midi-Pyrénées (1 pour 4,68 km²), Franche-Comté (1 pour 4,89 km²), Poitou-Charentes (1 pour 5,24 km²), Centre (1 pour 5,88 km²), Auvergne (1 pour 6,60 km²), Bourgogne (1 pour 6,87 km²), Champagne – Ardenne (1 pour 6,87 km²), Limousin (1 pour 7,04 km²), et Corse (1 pour 9,20 km²)… Le résultat obtenu ne cadre plus totalement avec les conclusions manifestement attendues : rien n’oppose le nord du sud de la France, les régions montagneuses de celles qui ne le sont pas, les régions rurales des autres… Cette dernière liste colle davantage à celle des densités globales (par régions) (1).
On ne peut comparer ces deux séries de données qu’en les rapportant à une moyenne nationale (base 100 / en italique, le chiffre indiqué concerne la densité médicale) : Ile-de-France (1081 – 844), Nord-Pas-de-Calais (260 – 290), Alsace (202 – 193), PACA (168 – 132), Rhône-Alpes (120 – 119), Haute-Normandie (107 – 133), FRANCE METROPOLITAINE (100 – 100), Bretagne (92 – 99), Languedoc-Roussillon (89 – 78), Lorraine (79 – 91), Pays de la Loire (78 – 93), Aquitaine (69 – 65), Picardie (67 – 89), Basse-Normandie (61 – 75), Midi-Pyrénées (58 – 52), Franche-Comté (55 – 64), Poitou-Charentes (51 – 58), Centre (46 – 57), Auvergne (41 – 46), Bourgogne (39 – 47), Champagne-Ardenne (39 – 48), Limousin (38 – 39), et Corse (29 – 28).
De cette longue série statistique, faut-il en conclure que les attendus géographiques du rapport sont faux ? Pas tout à fait. Dans l’ensemble, les deux séries statistiques collent à peu près. Plusieurs régions bénéficient d’une sorte de bonus médical, compte tenu du rapport positif entre les deux types de densité : Ile de France (+ 237), PACA (+ 36), Languedoc-Roussillon (+ 11), Alsace (+ 9), Midi-Pyrénées (+ 6) Aquitaine (+ 4) Rhône-Alpes (+ 1) et Corse (+ 1). Les autres régions pâtissent d’un rapport défavorable entre les deux densités : l’écart va de – 1 (Limousin) à – 30 (Nord-Pas-de-Calais) (2).
L’argumentaire le plus percutant du rapport Berland se situe ailleurs, dans la question du vieillissement des médecins : « L’âge moyen sera de 50,6 ans en 2015 alors qu’il est de 47,5 actuellement. La part des médecins de 55 ans et plus, devrait atteindre 44,5 % en 2015 contre 20,3 % en 2002. Actuellement les médecins de 50 à 55 ans ont la plus forte activité, le vieillissement prévu pourrait donc contribuer à une hausse de la durée moyenne du travail jusqu’en 2012 si les comportements de 2001 perduraient, puis à une baisse pour retrouver ce niveau en 2020. (3) »
Comme en témoigne cette carte, la revue de détail des régions les mieux dotées en nombre de médecins permet d’apporter quelques nuances. Le nord de l’Île-de-France (nord-ouest de la Seine et Marne & nord-est de la Seine-Saint-Denis) ou encore l’arrière-pays niçois et la haute vallée du Verdon, en région PACA souffrent de sous-effectifs. A l’inverse, le Boulonnais (Nord-Pas-de-Calais) ou le pays nancéen (Lorraine) présentent une situation de sureffectifs dans un environnement déprimé. Plus compliquée encore est la situation de régions très contrastées comme dans les Pays de la Loire : deux aires urbaines (Angers et Nantes) ne manquent pas de médecins, tandis qu’en Mayenne ou dans la Sarthe, on constate une situation rigoureusement inverse.
Finissons par une idée simple : les personnes les plus âgées requièrent le meilleur environnement médical. Il faut donc envisager la question de la répartition des médecins en lien avec le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans : 15 % de la population totale française. Il y aurait donc – donnée bien sûr aussi théorique que contestable – 1.500.000 Franciliens concernés par un fort besoin médical contre 110.000 dans le Limousin. En Île-de-France, la proportion est donc de 1 médecin pour 31 personnes de plus de 65 ans, alors qu’en Limousin, la proportion passe seulement à 1 pour 46… De façon plus précise, dans la première région il faut compter 1 généraliste pour 72 personnes de plus de 65 ans et dans la seconde 1 pour 85.
PS./ Suite de l’article sur Vieilleries et duperie. Sur le vieillissement en Limousin : ici.
On obtient ainsi le classement suivant : Ile-de-France (1 médecin pour 0,25 km²), Nord-Pas-de-Calais (1 pour 1,04 km²), Alsace (1 pour 1,34 km²), PACA (1 pour 1,61 km²), Rhône-Alpes (1 pour 2,25 km²), Haute-Normandie (1 pour 2,53 km²), France METROPOLITAINE (1 pour 2,67 km²), Bretagne (1 pour 2,95 km²), Languedoc-Roussillon (1 pour 3,02 km²), Lorraine (1 pour 3,40 km²), Pays de la Loire (1 pour 3,48 km²), Aquitaine (1 pour 3,90 km²), Picardie (1 pour 4,02 km²), Basse-Normandie (1 pour 4,42 km²), Midi-Pyrénées (1 pour 4,68 km²), Franche-Comté (1 pour 4,89 km²), Poitou-Charentes (1 pour 5,24 km²), Centre (1 pour 5,88 km²), Auvergne (1 pour 6,60 km²), Bourgogne (1 pour 6,87 km²), Champagne – Ardenne (1 pour 6,87 km²), Limousin (1 pour 7,04 km²), et Corse (1 pour 9,20 km²)… Le résultat obtenu ne cadre plus totalement avec les conclusions manifestement attendues : rien n’oppose le nord du sud de la France, les régions montagneuses de celles qui ne le sont pas, les régions rurales des autres… Cette dernière liste colle davantage à celle des densités globales (par régions) (1).
On ne peut comparer ces deux séries de données qu’en les rapportant à une moyenne nationale (base 100 / en italique, le chiffre indiqué concerne la densité médicale) : Ile-de-France (1081 – 844), Nord-Pas-de-Calais (260 – 290), Alsace (202 – 193), PACA (168 – 132), Rhône-Alpes (120 – 119), Haute-Normandie (107 – 133), FRANCE METROPOLITAINE (100 – 100), Bretagne (92 – 99), Languedoc-Roussillon (89 – 78), Lorraine (79 – 91), Pays de la Loire (78 – 93), Aquitaine (69 – 65), Picardie (67 – 89), Basse-Normandie (61 – 75), Midi-Pyrénées (58 – 52), Franche-Comté (55 – 64), Poitou-Charentes (51 – 58), Centre (46 – 57), Auvergne (41 – 46), Bourgogne (39 – 47), Champagne-Ardenne (39 – 48), Limousin (38 – 39), et Corse (29 – 28).
De cette longue série statistique, faut-il en conclure que les attendus géographiques du rapport sont faux ? Pas tout à fait. Dans l’ensemble, les deux séries statistiques collent à peu près. Plusieurs régions bénéficient d’une sorte de bonus médical, compte tenu du rapport positif entre les deux types de densité : Ile de France (+ 237), PACA (+ 36), Languedoc-Roussillon (+ 11), Alsace (+ 9), Midi-Pyrénées (+ 6) Aquitaine (+ 4) Rhône-Alpes (+ 1) et Corse (+ 1). Les autres régions pâtissent d’un rapport défavorable entre les deux densités : l’écart va de – 1 (Limousin) à – 30 (Nord-Pas-de-Calais) (2).
L’argumentaire le plus percutant du rapport Berland se situe ailleurs, dans la question du vieillissement des médecins : « L’âge moyen sera de 50,6 ans en 2015 alors qu’il est de 47,5 actuellement. La part des médecins de 55 ans et plus, devrait atteindre 44,5 % en 2015 contre 20,3 % en 2002. Actuellement les médecins de 50 à 55 ans ont la plus forte activité, le vieillissement prévu pourrait donc contribuer à une hausse de la durée moyenne du travail jusqu’en 2012 si les comportements de 2001 perduraient, puis à une baisse pour retrouver ce niveau en 2020. (3) »
Comme en témoigne cette carte, la revue de détail des régions les mieux dotées en nombre de médecins permet d’apporter quelques nuances. Le nord de l’Île-de-France (nord-ouest de la Seine et Marne & nord-est de la Seine-Saint-Denis) ou encore l’arrière-pays niçois et la haute vallée du Verdon, en région PACA souffrent de sous-effectifs. A l’inverse, le Boulonnais (Nord-Pas-de-Calais) ou le pays nancéen (Lorraine) présentent une situation de sureffectifs dans un environnement déprimé. Plus compliquée encore est la situation de régions très contrastées comme dans les Pays de la Loire : deux aires urbaines (Angers et Nantes) ne manquent pas de médecins, tandis qu’en Mayenne ou dans la Sarthe, on constate une situation rigoureusement inverse.
Finissons par une idée simple : les personnes les plus âgées requièrent le meilleur environnement médical. Il faut donc envisager la question de la répartition des médecins en lien avec le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans : 15 % de la population totale française. Il y aurait donc – donnée bien sûr aussi théorique que contestable – 1.500.000 Franciliens concernés par un fort besoin médical contre 110.000 dans le Limousin. En Île-de-France, la proportion est donc de 1 médecin pour 31 personnes de plus de 65 ans, alors qu’en Limousin, la proportion passe seulement à 1 pour 46… De façon plus précise, dans la première région il faut compter 1 généraliste pour 72 personnes de plus de 65 ans et dans la seconde 1 pour 85.
PS./ Suite de l’article sur Vieilleries et duperie. Sur le vieillissement en Limousin : ici.
(1) (Données recensement 1999) Ile de France (912 habitants / km²), Nord-Pas-de-Calais (313), Alsace (209), Haute-Normandie (144), PACA (143), Rhône-Alpes (129), FRANCE METROPOLITAINE (108), Bretagne (107), Pays de la Loire (100), Lorraine (98), Picardie (96), Languedoc-Roussillon (84), Basse-Normandie (81), Aquitaine (70), Franche-Comté (69), Poitou-Charentes (63), Centre (62), Midi-Pyrénées (56), Champagne-Ardenne (52), Bourgogne (51), Auvergne (50), Limousin (42), Corse (30).
(2) Limousin (- 1), Auvergne (- 5), Bretagne (- 7), Poitou-Charentes Bourgogne (- , Champagne-Ardenne (- 9), Franche-Comté (- 9), Centre (- 11), Lorraine (- 12) Basse-Normandie (- 14), Pays de la Loire (- 15), Haute-Normandie (- 26), Nord-Pas-de-Calais (- 30).
(3) ‘Féminisation et vieillissement des médecins au cours des années quatre-ving-dix’, Xavier Niel, Jean-Philippe Perret, Données Sociales 2002-2003
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