Le Monde relate ici la catastrophe provoquée par le cyclone Durian, et la mort d’au moins 500 personnes dans le sud-est de l’île de Luzon, sur cette île où se trouvent les deux agglomérations de Quezon et de Manille. La carte donne à voir les contours biscornus de l’archipel, qui suggèrent son origine volcanique. Les Philippines constituent la partie émergée d’une cordillère ponctuée de volcans actifs, sur la périphérie occidentale du Pacifique.
La quasi absence de plaines témoigne de l’importance des parties montagneuses aux Philippines, l’île principale correspondant à la réunion de plusieurs lignes de crêtes. Le pays résulte du contact violent entre les plaques tectoniques de l’Insulinde et des Philippines (plaque recouverte par l’océan, à l’est du pays éponyme), cette dernière repoussée vers l’Asie par l’immense plaque Pacifique. L’activité sismique ne connaît pas d’interruption dans la région, avec des éruptions aussi fréquentes que violentes ; celle du Pinatubo restant présente dans les mémoires.
Les vulcanologues observent attentivement le Mayon, au centre de la presqu’île de Bicol balayée par le cyclone. Au mois de septembre, ils ont ainsi relevé sur place d’importantes coulées de lave. La liste des éruptions importantes du Mayon s’allonge en réalité sur une longue colonne, parmi lesquelles on peut citer celles de 1814 et de 1984. Contrairement à d’autres, ce volcan surprend par son irrégularité, à la fois imprévisible et dangereux. En rentrant dans le détail de ses états de service (!), on observe une grande variété d’émissions, le rejet de magmas alternant avec les nuages de cendres et de pierres (éruptions explosives), les coulées pyroclastiques sans oublier les lahars, torrents de matières volcaniques dévalant les pentes à grande vitesse.
Mais revenons aux conséquences du cyclone. Celui-ci est pourtant rigoureusement indépendant des mécanismes sismiques précédents. Sauf que les sols de la presqu’île de Bicol résultent de plusieurs siècles d’activité volcanique : les éléments fins rejetés par les volcans (les cendres, sables ou graviers) sont par définition moins homogènes que des sols résultant de l’accumulation d’humus ou de la dégradation du substrat rocheux. Le danger des écoulements boueux dépasse donc celui de régions montagneuses non volcaniques.
Le Mayon se trouve à moins de 1 400 kilomètres au nord de l’Equateur (13°15.4′N, 123°41.1’E). Du haut de ses 2 460 mètres périlleux à gravir, et avec d’autres sommets environnants, il bloque le passage des alizés. Au cours de l’hiver boréal, les Philippines échappent en effet à l’influence de l’anticyclone de Chine – Sibérie. L’archipel ne connaît pas la sécheresse froide du nord du sous-continent indien, du nord de l’Indochine ou de Chine continentale. Les alizés du Nord – Est chargés de l’humidité océanique buttent sur l’île de Luzon. En s’élevant, l’air refroidit d’un degré (°C) tous les 170 mètres en moyenne. La vapeur se condense alors et se transforme en pluies.
Dans le cas d’un cyclone comme Durian, les précipitations s’évaluent en dizaines de mm par heure. Bien plus que les vents eux-mêmes ou la chute d’objets (arbres, toits ou poteaux électriques), les écoulements à moitié ou totalement saturés de boues provoquent de nombreuses victimes ; d’autant plus que les sols s’effritent et se liquéfient : « sur le flanc du volcan Mayon, les précipitations se sont mêlées aux cendres volcaniques, déclenchant une coulée de boue qui a enseveli jusqu’au toit de nombreuses habitations, ont indiqué des témoins ». L’article du Monde précise en outre que les routes étant coupées et la météo clouant au sol avions et hélicoptères, les secours tardent à arriver aux sinistrés.
Il y a donc un élément humain, sans lequel on ne comprend pas pourquoi les agriculteurs de la presqu’île de Bicol cultivent jusqu’aux flancs du volcan Mayon. Ceux-ci ont contribué à la déforestation de la région et ont involontairement accru le risque d’écoulements boueux, la végétation ne fixant plus les sols. Mais comme les sols d’origine volcanique se révèlent généralement favorables aux cultures, la tentation domine la peur des agriculteurs qui bravent les foudres du volcan… Et ont succombé en grand nombre aux torrents de boue du début de la semaine.
Avec une densité moyenne de 277 habitants au km², il faut néanmoins garder à l’esprit que la terre cultivable est rare aux Philippines. Dans ce pays apparemment calamiteux pour un Européen, où plus de 80 millions d’habitants se répartissent les 300 000 km² de l’archipel (dont pas loin – ? – de la moitié reste inhabitable), le PNB par habitant est passé de 700 (1983) à 1080 dollars (2003). Rarement sous les feux de l’actualité, les Philippines se présentent cependant comme une puissance en devenir, avec des échanges commerciaux multipliés par près de 5 en vingt ans (Exp°/Imp°) : 7,97 / 4,89 (milliards de $ en 1983) pour 38,63 / 37,5 (milliards de $ en 2004)… Malgré le Mayon, et malgré les typhons.
La quasi absence de plaines témoigne de l’importance des parties montagneuses aux Philippines, l’île principale correspondant à la réunion de plusieurs lignes de crêtes. Le pays résulte du contact violent entre les plaques tectoniques de l’Insulinde et des Philippines (plaque recouverte par l’océan, à l’est du pays éponyme), cette dernière repoussée vers l’Asie par l’immense plaque Pacifique. L’activité sismique ne connaît pas d’interruption dans la région, avec des éruptions aussi fréquentes que violentes ; celle du Pinatubo restant présente dans les mémoires.
Les vulcanologues observent attentivement le Mayon, au centre de la presqu’île de Bicol balayée par le cyclone. Au mois de septembre, ils ont ainsi relevé sur place d’importantes coulées de lave. La liste des éruptions importantes du Mayon s’allonge en réalité sur une longue colonne, parmi lesquelles on peut citer celles de 1814 et de 1984. Contrairement à d’autres, ce volcan surprend par son irrégularité, à la fois imprévisible et dangereux. En rentrant dans le détail de ses états de service (!), on observe une grande variété d’émissions, le rejet de magmas alternant avec les nuages de cendres et de pierres (éruptions explosives), les coulées pyroclastiques sans oublier les lahars, torrents de matières volcaniques dévalant les pentes à grande vitesse.
Mais revenons aux conséquences du cyclone. Celui-ci est pourtant rigoureusement indépendant des mécanismes sismiques précédents. Sauf que les sols de la presqu’île de Bicol résultent de plusieurs siècles d’activité volcanique : les éléments fins rejetés par les volcans (les cendres, sables ou graviers) sont par définition moins homogènes que des sols résultant de l’accumulation d’humus ou de la dégradation du substrat rocheux. Le danger des écoulements boueux dépasse donc celui de régions montagneuses non volcaniques.
Le Mayon se trouve à moins de 1 400 kilomètres au nord de l’Equateur (13°15.4′N, 123°41.1’E). Du haut de ses 2 460 mètres périlleux à gravir, et avec d’autres sommets environnants, il bloque le passage des alizés. Au cours de l’hiver boréal, les Philippines échappent en effet à l’influence de l’anticyclone de Chine – Sibérie. L’archipel ne connaît pas la sécheresse froide du nord du sous-continent indien, du nord de l’Indochine ou de Chine continentale. Les alizés du Nord – Est chargés de l’humidité océanique buttent sur l’île de Luzon. En s’élevant, l’air refroidit d’un degré (°C) tous les 170 mètres en moyenne. La vapeur se condense alors et se transforme en pluies.
Dans le cas d’un cyclone comme Durian, les précipitations s’évaluent en dizaines de mm par heure. Bien plus que les vents eux-mêmes ou la chute d’objets (arbres, toits ou poteaux électriques), les écoulements à moitié ou totalement saturés de boues provoquent de nombreuses victimes ; d’autant plus que les sols s’effritent et se liquéfient : « sur le flanc du volcan Mayon, les précipitations se sont mêlées aux cendres volcaniques, déclenchant une coulée de boue qui a enseveli jusqu’au toit de nombreuses habitations, ont indiqué des témoins ». L’article du Monde précise en outre que les routes étant coupées et la météo clouant au sol avions et hélicoptères, les secours tardent à arriver aux sinistrés.
Il y a donc un élément humain, sans lequel on ne comprend pas pourquoi les agriculteurs de la presqu’île de Bicol cultivent jusqu’aux flancs du volcan Mayon. Ceux-ci ont contribué à la déforestation de la région et ont involontairement accru le risque d’écoulements boueux, la végétation ne fixant plus les sols. Mais comme les sols d’origine volcanique se révèlent généralement favorables aux cultures, la tentation domine la peur des agriculteurs qui bravent les foudres du volcan… Et ont succombé en grand nombre aux torrents de boue du début de la semaine.
Avec une densité moyenne de 277 habitants au km², il faut néanmoins garder à l’esprit que la terre cultivable est rare aux Philippines. Dans ce pays apparemment calamiteux pour un Européen, où plus de 80 millions d’habitants se répartissent les 300 000 km² de l’archipel (dont pas loin – ? – de la moitié reste inhabitable), le PNB par habitant est passé de 700 (1983) à 1080 dollars (2003). Rarement sous les feux de l’actualité, les Philippines se présentent cependant comme une puissance en devenir, avec des échanges commerciaux multipliés par près de 5 en vingt ans (Exp°/Imp°) : 7,97 / 4,89 (milliards de $ en 1983) pour 38,63 / 37,5 (milliards de $ en 2004)… Malgré le Mayon, et malgré les typhons.
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