Avant d’en venir à l’analyse récente d’un intervenant régulier du Monde, je me permets d’en extraire une plus ancienne des archives du quotidien : même auteur, et même sujet (les relations internationales). Elle date du 7 février 2003, avec pour titre « Le monde selon G.W. Bush ». Je me permets non pas d’en donner quelques extraits, mais de citer un paragraphe entier. L’auteur a préalablement replacé l’action du président Bush dans son contexte, les menaces apparues à l’occasion de l’attentat du 11 septembre 2001. Il le dépeint comme volontaire et « animé par une vision simple (cet adjectif est sans doute plus approprié que ‘simpliste’) ». Un peu après, il parle d’un dessein.
« Quoi qu’il en soit, Saddam Hussein sera éliminé dans les tout prochains mois, très probablement par la guerre. Du point de vue américain, ceux des alliés qui s’opposeront ou même s’abstiendront dans cette action, si elle est nécessaire, manqueront purement et simplement le train de l’histoire. Bush sait parfaitement qu’il aura à affronter bien d’autres problèmes. Quand l’ordre américain régnera à Bagdad, il espère que les voisins de l’Irak courberont l’échine, ce qui lui permettra de s’occuper sérieusement de la Corée du Nord. Quant au problème israélo-palestinien - toujours dans l’optique de l’actuelle administration -, il n’y a pas urgence. Lorsque le moment viendra de le traiter, ce sera dans un tout autre cadre et sans Arafat. On verra peut-être resurgir l’option jordanienne. On peut même imaginer qu’une sorte de Mandela (Marouan Barghouti ?) émerge des prisons israéliennes pour devenir le premier président d’une république transjordanienne aux dépens de la monarchie hachémite. Mais d’autres scénarios sont concevables. Ce qui est certain, c’est que toute la donne sera transformée. » [TM / février 2003]
Ce huitième paragraphe ne termine pas l’analyse, qui se poursuit sur le thème des relations entre les Etats-Unis et l’Europe, et plus particulièrement le risque – aux yeux de l’auteur – d’une transformation du vieux continent en une seconde Confédération helvétique, pour cause de neutralité dans le conflit de l’époque (intervention américaine en Afghanistan). Mon propos étant ici de porter un regard critique sur une méthode, je m’en tiendrai à mon intention, celle de comparer à une autre analyse sur le même thème, par la même personne, mais trois ans et demi plus tard. Cette fois, le titre est « l’échec de G.W. Bush » (Le Monde du 16 novembre 2006).
L’accroche a changé, puisque le parti républicain sort perdant des élections de mi-mandat (7/11). L’auteur égraine cette fois les échecs militaires et/ou diplomatiques de l’administration toujours en place. En Afghanistan, chacun craint en Occident le retour des talibans. La production d’opium augmente et le président pakistanais vacille. En Irak, les pertes humaines se comptent par dizaine de milliers : civils ou militaires, d’origine étrangère ou plus généralement locale. Aux Etats-Unis même, l’opinion publique doute, tandis que la colère gronde manifestement au sein des institutions militaires : « la crédibilité de la superpuissance est sévèrement atteinte. » Dans le reste de l’article l’auteur complète son tour d’horizon par le Proche-Orient, l’Iran, la Corée, le vaste monde.
Tout allait, et rien ne va plus. Qu’est-ce qui a changé ? Mystère. En tout cas, aux yeux de l’analyste, le monde reste éternellement compréhensible : à condition de ne pas confronter les conclusions d’une année à l’autre. Ainsi G.W. Bush, présenté en février 2003 comme volontaire et animé d’un dessein se transforme en novembre 2006 en un homme « prisonnier de son idéologie », « qui n’a pas compris » (en l’occurrence le conflit israélo-palestinien)
Je laisse à d’autres le soin d’attaquer le président américain, et surtout de démonter les théories néo-conservatrices : il ne manquera pas de plumes – hier souvent moutonnières dans le commentaire compassé – pour agir en ce sens. Ces théories ont été tellement caricaturées de ce côté-ci de l’Atlantique, qu’il me paraît difficile d’y voir tout à fait clair aujourd’hui. Sur le fond, il n’y a toutefois pas grand mérite à constater l’échec de l’administration Bush : militaire et diplomatique. Les électeurs américains me semblent avoir tranché la question la semaine dernière. Le fonctionnement politique d’une grande démocratie semble décidément plus simple à comprendre que le vaste monde !
« Quoi qu’il en soit, Saddam Hussein sera éliminé dans les tout prochains mois, très probablement par la guerre. Du point de vue américain, ceux des alliés qui s’opposeront ou même s’abstiendront dans cette action, si elle est nécessaire, manqueront purement et simplement le train de l’histoire. Bush sait parfaitement qu’il aura à affronter bien d’autres problèmes. Quand l’ordre américain régnera à Bagdad, il espère que les voisins de l’Irak courberont l’échine, ce qui lui permettra de s’occuper sérieusement de la Corée du Nord. Quant au problème israélo-palestinien - toujours dans l’optique de l’actuelle administration -, il n’y a pas urgence. Lorsque le moment viendra de le traiter, ce sera dans un tout autre cadre et sans Arafat. On verra peut-être resurgir l’option jordanienne. On peut même imaginer qu’une sorte de Mandela (Marouan Barghouti ?) émerge des prisons israéliennes pour devenir le premier président d’une république transjordanienne aux dépens de la monarchie hachémite. Mais d’autres scénarios sont concevables. Ce qui est certain, c’est que toute la donne sera transformée. » [TM / février 2003]
Ce huitième paragraphe ne termine pas l’analyse, qui se poursuit sur le thème des relations entre les Etats-Unis et l’Europe, et plus particulièrement le risque – aux yeux de l’auteur – d’une transformation du vieux continent en une seconde Confédération helvétique, pour cause de neutralité dans le conflit de l’époque (intervention américaine en Afghanistan). Mon propos étant ici de porter un regard critique sur une méthode, je m’en tiendrai à mon intention, celle de comparer à une autre analyse sur le même thème, par la même personne, mais trois ans et demi plus tard. Cette fois, le titre est « l’échec de G.W. Bush » (Le Monde du 16 novembre 2006).
L’accroche a changé, puisque le parti républicain sort perdant des élections de mi-mandat (7/11). L’auteur égraine cette fois les échecs militaires et/ou diplomatiques de l’administration toujours en place. En Afghanistan, chacun craint en Occident le retour des talibans. La production d’opium augmente et le président pakistanais vacille. En Irak, les pertes humaines se comptent par dizaine de milliers : civils ou militaires, d’origine étrangère ou plus généralement locale. Aux Etats-Unis même, l’opinion publique doute, tandis que la colère gronde manifestement au sein des institutions militaires : « la crédibilité de la superpuissance est sévèrement atteinte. » Dans le reste de l’article l’auteur complète son tour d’horizon par le Proche-Orient, l’Iran, la Corée, le vaste monde.
Tout allait, et rien ne va plus. Qu’est-ce qui a changé ? Mystère. En tout cas, aux yeux de l’analyste, le monde reste éternellement compréhensible : à condition de ne pas confronter les conclusions d’une année à l’autre. Ainsi G.W. Bush, présenté en février 2003 comme volontaire et animé d’un dessein se transforme en novembre 2006 en un homme « prisonnier de son idéologie », « qui n’a pas compris » (en l’occurrence le conflit israélo-palestinien)
Je laisse à d’autres le soin d’attaquer le président américain, et surtout de démonter les théories néo-conservatrices : il ne manquera pas de plumes – hier souvent moutonnières dans le commentaire compassé – pour agir en ce sens. Ces théories ont été tellement caricaturées de ce côté-ci de l’Atlantique, qu’il me paraît difficile d’y voir tout à fait clair aujourd’hui. Sur le fond, il n’y a toutefois pas grand mérite à constater l’échec de l’administration Bush : militaire et diplomatique. Les électeurs américains me semblent avoir tranché la question la semaine dernière. Le fonctionnement politique d’une grande démocratie semble décidément plus simple à comprendre que le vaste monde !
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