Sixtine Léon – Dufour nous avertit ici de l’entrée d’un 150ème membre à l’OMC. Son article me chagrine. Ainsi tout irait pour le mieux au Vietnam, hors quelques broutilles : les chausse-trapes des Occidentaux à la recherche de nouveaux marchés (en bloquant dans le sens inverse tout abaissement douanier), les entreprises d’Etat vietnamiennes incapables de faire face à la concurrence prochaine des produits du monde entier. Pour le reste, l’impression est celle d’une vérité en marche, d’une sorte de mouvement inéluctable après une brève erreur d’aiguillage.
J’aurais voulu trouver un aussi bon article que celui-là (Merci à Swissroll). L’auteur y traite de la préoccupante inadaptation des syndicats en Chine, et de ses conséquences. On y trouve la preuve de la fourberie des autorités de Pékin, qui continuent aujourd’hui encore à conditionner la création d’un syndicat – y compris dans des multinationales occidentales telles Wall-mart – à une affiliation obligatoire au parti communiste. On y trouve également les ingrédients d’une crise sociale aigue. Les salariés refusent en effet d’accorder leur confiance aux syndicalistes officiels – protégés et payés par l’Etat – dans un univers professionnel caractérisé par les fermetures d’usines obsolètes et des conditions de travail terribles. Ils maudissent même ces syndicalistes dont la seule tâche est de faire suer le burnous, de dénoncer le râleur ou l’improductif auprès des autorités : aujourd’hui pour le bénéfice d’entreprises privées, comme hier pour le compte de conglomérats publics. Je retiens de cet article une leçon - même s’il s’agit de la Chine et non du Vietnam - : le communisme ne peut coexister avec le marché sans que disparaisse le système de parti unique. A plus ou moins long terme. Non sans de douloureuses remises en cause.
Il me faut donc aller plus loin, grâce à une conférence donnée il y a un peu plus de trois ans à l’Académie des Sciences morales et politiques (ici). Madame Claude Dulong-Sainteny discourt sur (et autour d’) Hô Chi Minh. Je retire de ce long texte l’impression que le Vietnam se retrouve en novembre 2006 dans la situation qui était la sienne soixante ans plus tôt, en 1946. Deux guerres (contre les Français puis contre les Américains), des régions ravagées, des centaines de milliers de morts : à cause d’un manipulateur autoritaire auquel l’histoire a donné tort (Hô), à cause d’ignorants (à la Maison-Blanche) et d’incompétents (à Paris). Charles De Gaulle, en tant que chef du Gouvernement Provisoire de la République Française (il démissionne le 20 janvier 1946), partage avec les autorités de la Quatrième République la responsabilité de l’entêtement français dans les négociations avec Hô Chi Minh.
Ainsi, pour en revenir à l’article du Figaro, le Vietnam rentre à l’OMC. Toute cette histoire sanglante pour en arriver à cela ? Vanité des vanités. Le Vietnam de 1946, la perle de l’Orient avait traversé la guerre sans presque la subir, malgré la trentaine de mois d’occupation japonaise. Il n’avait plus de concurrents en Extrême-Orient, mais des voisins proches ou plus lointains ravagés par une guerre terminée (au Japon) ou à venir (Corée), par une révolution en marche (Chine). Le destin des deux premiers a pourtant été différent.
L’idéologie communiste porte en grande partie la responsabilité d’un non – développement, d’une régression terrible après 1954 (au Tonkin) et surtout après 1975. « Hô n’aura jamais de graves différends avec ses maîtres de Moscou ; ceux-ci lui reprocheront tout de même son nationalisme et l’importance qu’il attache à la paysannerie. » (C. D-S) Chacun discutera sur les qui et les pourquoi. Il n’en reste pas moins qu’en 2006, l’OMC promeut indirectement l’exode rural et l’avènement d’une société de consommation urbanisée, prône l’ouverture des frontières – en particulier au nord avec la Chine exécrée – qui va faciliter l’invasion des marques internationales (Mc Do en tête) quand l’oncle Hô manifestait un goût prononcé pour l’Europe et la cuisine française. Avec l’ouverture sur l’étranger, les Asiates, les anciens boat-peoples et plus généralement tous les exilés d’hier pour cause d’hostilité au régime peuvent revenir au pays. L’adhésion conduit à l’éclipse du parti communiste vietnamien : qu’on le veuille ou non à Hanoï. Quel gachis et quel temps perdu…
J’aurais voulu trouver un aussi bon article que celui-là (Merci à Swissroll). L’auteur y traite de la préoccupante inadaptation des syndicats en Chine, et de ses conséquences. On y trouve la preuve de la fourberie des autorités de Pékin, qui continuent aujourd’hui encore à conditionner la création d’un syndicat – y compris dans des multinationales occidentales telles Wall-mart – à une affiliation obligatoire au parti communiste. On y trouve également les ingrédients d’une crise sociale aigue. Les salariés refusent en effet d’accorder leur confiance aux syndicalistes officiels – protégés et payés par l’Etat – dans un univers professionnel caractérisé par les fermetures d’usines obsolètes et des conditions de travail terribles. Ils maudissent même ces syndicalistes dont la seule tâche est de faire suer le burnous, de dénoncer le râleur ou l’improductif auprès des autorités : aujourd’hui pour le bénéfice d’entreprises privées, comme hier pour le compte de conglomérats publics. Je retiens de cet article une leçon - même s’il s’agit de la Chine et non du Vietnam - : le communisme ne peut coexister avec le marché sans que disparaisse le système de parti unique. A plus ou moins long terme. Non sans de douloureuses remises en cause.
Il me faut donc aller plus loin, grâce à une conférence donnée il y a un peu plus de trois ans à l’Académie des Sciences morales et politiques (ici). Madame Claude Dulong-Sainteny discourt sur (et autour d’) Hô Chi Minh. Je retire de ce long texte l’impression que le Vietnam se retrouve en novembre 2006 dans la situation qui était la sienne soixante ans plus tôt, en 1946. Deux guerres (contre les Français puis contre les Américains), des régions ravagées, des centaines de milliers de morts : à cause d’un manipulateur autoritaire auquel l’histoire a donné tort (Hô), à cause d’ignorants (à la Maison-Blanche) et d’incompétents (à Paris). Charles De Gaulle, en tant que chef du Gouvernement Provisoire de la République Française (il démissionne le 20 janvier 1946), partage avec les autorités de la Quatrième République la responsabilité de l’entêtement français dans les négociations avec Hô Chi Minh.
Ainsi, pour en revenir à l’article du Figaro, le Vietnam rentre à l’OMC. Toute cette histoire sanglante pour en arriver à cela ? Vanité des vanités. Le Vietnam de 1946, la perle de l’Orient avait traversé la guerre sans presque la subir, malgré la trentaine de mois d’occupation japonaise. Il n’avait plus de concurrents en Extrême-Orient, mais des voisins proches ou plus lointains ravagés par une guerre terminée (au Japon) ou à venir (Corée), par une révolution en marche (Chine). Le destin des deux premiers a pourtant été différent.
L’idéologie communiste porte en grande partie la responsabilité d’un non – développement, d’une régression terrible après 1954 (au Tonkin) et surtout après 1975. « Hô n’aura jamais de graves différends avec ses maîtres de Moscou ; ceux-ci lui reprocheront tout de même son nationalisme et l’importance qu’il attache à la paysannerie. » (C. D-S) Chacun discutera sur les qui et les pourquoi. Il n’en reste pas moins qu’en 2006, l’OMC promeut indirectement l’exode rural et l’avènement d’une société de consommation urbanisée, prône l’ouverture des frontières – en particulier au nord avec la Chine exécrée – qui va faciliter l’invasion des marques internationales (Mc Do en tête) quand l’oncle Hô manifestait un goût prononcé pour l’Europe et la cuisine française. Avec l’ouverture sur l’étranger, les Asiates, les anciens boat-peoples et plus généralement tous les exilés d’hier pour cause d’hostilité au régime peuvent revenir au pays. L’adhésion conduit à l’éclipse du parti communiste vietnamien : qu’on le veuille ou non à Hanoï. Quel gachis et quel temps perdu…
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