Une nouvelle menace pèse sur le climat : une ONG pointe du doigt les émissions de gaz à partir de tourbières. Mais de quoi s’agit-il ? Au départ, une cuvette fermée concentre les matières nutritives produites par la végétation environnante. L’humus s’accumule au fond de l’étang (ou du lac), provoquant par sédimentation une diminution progressive de la profondeur de l’eau. Il ne reste plus à la fin du processus que des flaques d’eau libre. La végétation change, cette fois caractéristique des marais. Le nombre de plantes et la quantité des dépôts augmentent en même temps que la nappe phréatique s’enfonce. Pour qu’une tourbière se forme désormais, il faut que l’approvisionnement en matières organiques reste constant. Alors qu’au départ, les fonds lacustres ont produit des matériaux bruns, les Sphaignes dominent les couches supérieures : on trouve donc une tourbe noire au plus profond surmontée d’une tourbe plus claire (blonde).
Une fois l’eau presque disparue en surface, les Sphaignes (Ph acide) forment un molleton de plus en plus épais qui élimine tout autre espèce végétale ; à l’instar des coraux, les plantes vivantes poussent sur les mortes, qui gardent cependant la capacité de stocker l’eau. A raison d’un peu plus de 3 centimètres par siècle, les tourbières exploitées – Irlande, Canada – témoignent d’une activité accumulatrice d’au moins dix mille ans en moyenne : les plus anciennes datent de deux millions d’années. Rappelons pour finir que le mécanisme de formation des tourbières fonctionne essentiellement dans les milieux froids : en montagne, ou près des cercles polaires [Source].
Au Canada, les tourbières s’étendent sur 111 millions d’hectares, c’est-à-dire 12 % de la surface nationale. L’extraction suit une progression récente et régulière, après des décennies d’oubli. En 1995, le cap du million de tonnes a été dépassé, pour une grande partie exportées vers les Etats-Unis. La tourbe sert de matière première dans l’agriculture (engrais, litière) mais aussi dans l’industrie (papiers hygiéniques, filtres). Comme combustible, la tourbe a « un fort pouvoir calorifique, une faible teneur en cendres et un faible taux de matières polluantes, comme le soufre et le mercure. Le pouvoir calorifique de la tourbe canadienne varie entre environ 4.700 et 5.100 kilocalories par kilogramme (Kcal/Kg). A titre de comparaison, le pouvoir calorifique du charbon se situe entre 4.800 et 5.800 Kcal/Kg et celui du pétrole, entre 9.000 et 10.000 Kcal/Kg. » A partir de la tourbe, on peut obtenir de la chaleur, de l’électricité, du gaz naturel synthétique ou (/et) du méthanol (Pour plus de détails, ici).
L’article du Monde – écrit à l’occasion de la douzième Conférence des Nations unies sur le climat – me laisse sur de nombreuses interrogations… Que j’expose en tant que géographe non spécialiste… En quoi y a-t-il (et où) « dégradation de ces sols humides » ? Comment se fait-il que l’ONG (Wetlands) restreigne le sujet à l’Indonésie bien peu représentative – voir au dessus – du point de vue des surfaces concernées ? Ne fait-elle pas un amalgame avec la question de l’exploitation accélérée des forêts indonésiennes ou avec celle du maintien des cultures sur brûlis dans le même archipel ? L’article se termine par l’évocation des « sols tourbeux du Royaume Uni ». Décidément, en matière de réchauffement climatique, l’imprécision compte peu : mots magiques, vaines incantations et contresens. Tourbe operator.
PS./ Dernier article sur l’environnement : ici et (en Californie) là.
Une fois l’eau presque disparue en surface, les Sphaignes (Ph acide) forment un molleton de plus en plus épais qui élimine tout autre espèce végétale ; à l’instar des coraux, les plantes vivantes poussent sur les mortes, qui gardent cependant la capacité de stocker l’eau. A raison d’un peu plus de 3 centimètres par siècle, les tourbières exploitées – Irlande, Canada – témoignent d’une activité accumulatrice d’au moins dix mille ans en moyenne : les plus anciennes datent de deux millions d’années. Rappelons pour finir que le mécanisme de formation des tourbières fonctionne essentiellement dans les milieux froids : en montagne, ou près des cercles polaires [Source].
Au Canada, les tourbières s’étendent sur 111 millions d’hectares, c’est-à-dire 12 % de la surface nationale. L’extraction suit une progression récente et régulière, après des décennies d’oubli. En 1995, le cap du million de tonnes a été dépassé, pour une grande partie exportées vers les Etats-Unis. La tourbe sert de matière première dans l’agriculture (engrais, litière) mais aussi dans l’industrie (papiers hygiéniques, filtres). Comme combustible, la tourbe a « un fort pouvoir calorifique, une faible teneur en cendres et un faible taux de matières polluantes, comme le soufre et le mercure. Le pouvoir calorifique de la tourbe canadienne varie entre environ 4.700 et 5.100 kilocalories par kilogramme (Kcal/Kg). A titre de comparaison, le pouvoir calorifique du charbon se situe entre 4.800 et 5.800 Kcal/Kg et celui du pétrole, entre 9.000 et 10.000 Kcal/Kg. » A partir de la tourbe, on peut obtenir de la chaleur, de l’électricité, du gaz naturel synthétique ou (/et) du méthanol (Pour plus de détails, ici).
L’article du Monde – écrit à l’occasion de la douzième Conférence des Nations unies sur le climat – me laisse sur de nombreuses interrogations… Que j’expose en tant que géographe non spécialiste… En quoi y a-t-il (et où) « dégradation de ces sols humides » ? Comment se fait-il que l’ONG (Wetlands) restreigne le sujet à l’Indonésie bien peu représentative – voir au dessus – du point de vue des surfaces concernées ? Ne fait-elle pas un amalgame avec la question de l’exploitation accélérée des forêts indonésiennes ou avec celle du maintien des cultures sur brûlis dans le même archipel ? L’article se termine par l’évocation des « sols tourbeux du Royaume Uni ». Décidément, en matière de réchauffement climatique, l’imprécision compte peu : mots magiques, vaines incantations et contresens. Tourbe operator.
PS./ Dernier article sur l’environnement : ici et (en Californie) là.
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