A peine terminé, mon papier d’hier trouve un écho – bien involontaire je pense – grâce à un article de Richard Heuzé. La population observée change, mais les distorsions demeurent. Commençons par le bilan de départ… L’Italie « compte actuellement près de 59 millions de ressortissants. Et 44 retraités pour 100 actifs (contre 32 en Allemagne). [… En] 2050 un Italien sur trois aura plus de 65 ans, contre un sur cinq aujourd’hui. À cette date, le pays ne comptera d’ailleurs plus que 52 millions d’Italiens… »
Le premier contresens apparaît tout de suite après, qui lie le faible indice conjoncturel de fécondité (1,3 enfant par Italienne) à l’effondrement du nombre de mariages. Les démographes observent que les populations occidentales dégageant un indice conjoncturel au-dessus ou proche du seuil de renouvellement des générations (2,1 enfants par femme) connaissent un fort taux de concubinage : aux Etats-Unis (taux proche de 3 enfants par femme), en Europe du Nord (en particulier en Islande) ou encore en France ; 45 % des enfants naissent hors mariage.
Je laisse de côté – pour des raisons déjà exposées – la question du financement des retraites à laquelle Richard Heuzé consacre le reste de son article. Non sans remarquer que Romano Prodi renonce pour l’heure à repousser l’âge officiel du départ à la retraite : apparemment, Silvio Berlusconi ne détient pas l’exclusivité de la démagogique. Sur le cliché – « s’il fait bon vivre en Italie, les femmes y consomment pourtant de plus en plus de médicaments » – un mot suffira : l’usage croissant des médicaments témoigne du déséquilibre grandissant des classes d’âges en Italie (au détriment des jeunes) ; plus on vieillit, plus on consomme de médicaments. La féminisation de la société italienne provient du fait que les hommes meurent en moyenne plus tôt que les femmes.
Concernant les 303.000 naturalisations d’étrangers, Richard Heuzé semble s’étonner du peu d’impact sur la natalité. Il note qu’à « Turin et Milan, un enfant sur quatre est fils ou fille de mère étrangère ». Peut-être faudrait-il prendre en compte les spécificités de l’Italie, longtemps terre d’émigration, avant d’associer l’immigration au seul mouvement des Nord – Africains vers la péninsule. Ainsi, des anciens émigrés italiens – ou leurs descendants (comme dans le cas de l’Argentine au début des années 2000, lors de la crise économique) – tentés par une fin de vie ou une nouvelle vie en Italie… Mais sans enfants. Dans quelles proportions ?
Une fois encore, je voudrais surtout revenir sur les conséquences géographiques du vieillissement italien. N’associons pas la péninsule italienne à une sorte de petite France (301.000 contre 550 000 km²) bien agréable sous le soleil de Méditerranée. Elle présente plusieurs contraintes physiques : un étirement sur 1.200 kilomètres (N-NO/S-SE), des îles périphériques (Sardaigne et Sicile), et des régions montagneuses plus ou moins proches (Alpes, Apennins). Plus les Italiens vieillissent, plus ces zones difficiles d’accès perdront de leurs habitants, pour aboutir à une concentration de population par tâches. Plus inquiétant, l’Italie étant une construction géopolitique récente (dernier tiers du dix-neuvième siècle), l’unité de la péninsule régresse à la faveur de ces multiples concentrations – retour sur soi : pas uniquement dans les faits, mais aussi dans les esprits. A terme, l’écart entre les Italiens du Nord (Toscans, Milanais, ou Vénitiens) et ceux du Mezzogiorno (Sud) risquent ainsi de s’accentuer.
Le premier contresens apparaît tout de suite après, qui lie le faible indice conjoncturel de fécondité (1,3 enfant par Italienne) à l’effondrement du nombre de mariages. Les démographes observent que les populations occidentales dégageant un indice conjoncturel au-dessus ou proche du seuil de renouvellement des générations (2,1 enfants par femme) connaissent un fort taux de concubinage : aux Etats-Unis (taux proche de 3 enfants par femme), en Europe du Nord (en particulier en Islande) ou encore en France ; 45 % des enfants naissent hors mariage.
Je laisse de côté – pour des raisons déjà exposées – la question du financement des retraites à laquelle Richard Heuzé consacre le reste de son article. Non sans remarquer que Romano Prodi renonce pour l’heure à repousser l’âge officiel du départ à la retraite : apparemment, Silvio Berlusconi ne détient pas l’exclusivité de la démagogique. Sur le cliché – « s’il fait bon vivre en Italie, les femmes y consomment pourtant de plus en plus de médicaments » – un mot suffira : l’usage croissant des médicaments témoigne du déséquilibre grandissant des classes d’âges en Italie (au détriment des jeunes) ; plus on vieillit, plus on consomme de médicaments. La féminisation de la société italienne provient du fait que les hommes meurent en moyenne plus tôt que les femmes.
Concernant les 303.000 naturalisations d’étrangers, Richard Heuzé semble s’étonner du peu d’impact sur la natalité. Il note qu’à « Turin et Milan, un enfant sur quatre est fils ou fille de mère étrangère ». Peut-être faudrait-il prendre en compte les spécificités de l’Italie, longtemps terre d’émigration, avant d’associer l’immigration au seul mouvement des Nord – Africains vers la péninsule. Ainsi, des anciens émigrés italiens – ou leurs descendants (comme dans le cas de l’Argentine au début des années 2000, lors de la crise économique) – tentés par une fin de vie ou une nouvelle vie en Italie… Mais sans enfants. Dans quelles proportions ?
Une fois encore, je voudrais surtout revenir sur les conséquences géographiques du vieillissement italien. N’associons pas la péninsule italienne à une sorte de petite France (301.000 contre 550 000 km²) bien agréable sous le soleil de Méditerranée. Elle présente plusieurs contraintes physiques : un étirement sur 1.200 kilomètres (N-NO/S-SE), des îles périphériques (Sardaigne et Sicile), et des régions montagneuses plus ou moins proches (Alpes, Apennins). Plus les Italiens vieillissent, plus ces zones difficiles d’accès perdront de leurs habitants, pour aboutir à une concentration de population par tâches. Plus inquiétant, l’Italie étant une construction géopolitique récente (dernier tiers du dix-neuvième siècle), l’unité de la péninsule régresse à la faveur de ces multiples concentrations – retour sur soi : pas uniquement dans les faits, mais aussi dans les esprits. A terme, l’écart entre les Italiens du Nord (Toscans, Milanais, ou Vénitiens) et ceux du Mezzogiorno (Sud) risquent ainsi de s’accentuer.
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