Un vieux plan du début des années 1960, quelques temps après l'indépendance du Sénégal. Dakar fait face à l'îlot de Gorée, à l'extrémité du crochet qui prolonge vers le sud la presqu'île du Cap Vert, le point le plus occidental du continent africain. La médina a prolongé au nord la ville coloniale fondée en 1862. Le port s'est installé du côté de l'anse de Hann, vers l'est, tournant le dos à l'Atlantique. 350.000 habitants vivent alors dans la capitale. Ouakam, Hann, Ngor ou encore Yof, quartiers intégrés depuis dans l'agglomération sont alors des villages bien séparés... [Voir carte]
A la fin des années 1980, c'est à dire un quart de siècle plus tard, la ville présente un visage modifié : « Ce n'est que plus récemment (plan régulateur de 1961) que sous la pression démographique et la nouvelle donne politique (indépendance en 1960) ont été conduites des initiatives d'homogénéisation de la structure urbaine : opération difficile en raison d'un massif phénomène d'urbanisation qui a dépeuplé les zones rurales voisines et poussé sans cesse à l'expansion de la ville qui englobe désormais Rufisque (véritable cité – dortoir pour plus des deux tiers des salariés de Dakar), jusqu'à atteindre le chiffre exorbitant de plus de 700.000 habitants. » [Encyclopédie Géographique / La Pochotèque – Le livre de poche (1991)]. L'agglomération compte déjà un peu plus d'un million d'habitants, contre deux et demi en 2007. Dakar s'étale et s'enrichit. La municipalité tente de parer aux besoins les plus pressés, mais plus Dakar se modernise, plus les ruraux s'agglutinent dans la capitale. Par milliers chaque année, ils viennent gonfler les bidonvilles et repousser toujours plus loin les périphéries de l'agglomération.
Dakar attire. Des quartiers huppés apparaissent dans lesquels les prix de l'immobilier atteignent des sommets. « Rien n'y fait. Ni les injonctions du gouvernement, ni les avertissements lancés aux propriétaires : le marché immobilier, du côté des nouvelles cités, devient de plus en plus prohibitif. En moyenne, la hausse du prix des appartements est de 20 % chaque année. La location d'un appartement moyen il y a cinq ans, au niveau des Hlm Grand Yoff a atteint aujourd'hui 100. 000 francs. » [100.00 francs CFA = 1.500 euros] [source]. Comme dans les grandes métropoles européennes ou nord-américaines, les acheteurs sont plus nombreux que les vendeurs. Il y a plus de bénéfices à retirer que dans n'importe quel autre placement. Aucun ne présente autant d'avantages que l'immobilier. L'agglomération continue à grandir et ses besoins ne connaissent pas de limites.
Dakar engloutit des quantités grandissantes d'eau potable. « En 1994, on évaluait à 100.000 m3 par jour le déficit en eau potable dans la capitale. De nombreux quartiers dakarois connaissaient des ruptures fréquentes dans l'alimentation en eau potable. Des investissements évalués à plus de 60 milliards de francs CFA (valeur courante) étaient alors nécessaires pour accroître la production d'eau potable, réhabiliter le réseau de distribution (datant de la colonisation) et l'étendre vers les quartiers périphériques de la ville. » Des sociétés para-publiques, telles la Société Nationale des Eaux du Sénégal (SONES) et la Société des Eaux du Sénégal (SDE) viennent au secours de l'Etat et financent l'augmentation de la production de 192.000 à 353.000 mètres – cubes par jour entre 1996 et 2006. L'accès direct à l'eau par branchement individuel concerne désormais les trois quarts de la population dakaroise, tandis que le dernier quart bénéficie de l'installation de bornes – fontaines (4.250 en 2003, + 60 % depuis 1996). Les banlieues périphériques ne bénéficient que rarement de l'adduction [Briand, Nauges & Travers / Choix d'approvisionnement en eau des ménages de Dakar : une étude économétrique à partir de données d'enquête].
Dakar consomme également de plus en plus d'électricité. Les climatiseurs sont devenus monnaie courante. Mais le désengagement de l'Etat combiné à l'augmentation forte des prix des hydrocarbures a forcé les compagnies à réclamer des subventions supplémentaires. En l'absence de celles-ci, elles ont infligé au printemps 2006 des délestages catastrophiques pour les ménages (réfrigérateurs) autant que pour les entreprises. Une élévation des prix du courant constitue une issue probable pour l'instant repoussé par l'Etat [source].
Dakar rejette. Des sociétés privées assurent désormais la gestion de ces scories. Chaque jour, les habitants produisent 1.200 tonnes de détritus (chiffres 2000 / Source : le Soleil – 25 avril 2002), en partie enfouies sur le site de Dougar, récemment ouvert à une quarantaine de kilomètres de la capitale. Le recours à la méthanisation devrait permettre à terme de rationaliser le retraitement des déchets. L'agglomération renvoie chaque jour 200.000 mètres – cubes d'eaux usées à la nature. Certains cherchent d'ores et déjà à valoriser ces rejets et irriguer les maraîchages urbains et périurbains. Des essais sont en cours à Rufisque. Il reste que des précipitations exceptionnelles sont encore susceptibles de saturer le réseau d'égouts. Elles ont démontré le caractère excessivement rapide de l'urbanisation dakaroise (voir ici), tout comme l'encombrement quotidien de la voirie. Malgré la construction d'une autoroute urbaine, des bouchons encombrent plusieurs heures par jour les voies de communication. Les voitures cotoient taxis et mini-bus importés de France et qui commencent une deuxième vie à Dakar [source].
Dans cette grande agglomération mi - africaine et mi - occidentale, les jeunes s'amusent. Et les pauvres gênent. Trop nombreux, trop voyants. Ils vendent, déambulent, et tentent de retirer quelques miettes de la richesse dakaroise, mais la municipalité voudrait les voir déguerpir. Conflit.
A la fin des années 1980, c'est à dire un quart de siècle plus tard, la ville présente un visage modifié : « Ce n'est que plus récemment (plan régulateur de 1961) que sous la pression démographique et la nouvelle donne politique (indépendance en 1960) ont été conduites des initiatives d'homogénéisation de la structure urbaine : opération difficile en raison d'un massif phénomène d'urbanisation qui a dépeuplé les zones rurales voisines et poussé sans cesse à l'expansion de la ville qui englobe désormais Rufisque (véritable cité – dortoir pour plus des deux tiers des salariés de Dakar), jusqu'à atteindre le chiffre exorbitant de plus de 700.000 habitants. » [Encyclopédie Géographique / La Pochotèque – Le livre de poche (1991)]. L'agglomération compte déjà un peu plus d'un million d'habitants, contre deux et demi en 2007. Dakar s'étale et s'enrichit. La municipalité tente de parer aux besoins les plus pressés, mais plus Dakar se modernise, plus les ruraux s'agglutinent dans la capitale. Par milliers chaque année, ils viennent gonfler les bidonvilles et repousser toujours plus loin les périphéries de l'agglomération.
Dakar attire. Des quartiers huppés apparaissent dans lesquels les prix de l'immobilier atteignent des sommets. « Rien n'y fait. Ni les injonctions du gouvernement, ni les avertissements lancés aux propriétaires : le marché immobilier, du côté des nouvelles cités, devient de plus en plus prohibitif. En moyenne, la hausse du prix des appartements est de 20 % chaque année. La location d'un appartement moyen il y a cinq ans, au niveau des Hlm Grand Yoff a atteint aujourd'hui 100. 000 francs. » [100.00 francs CFA = 1.500 euros] [source]. Comme dans les grandes métropoles européennes ou nord-américaines, les acheteurs sont plus nombreux que les vendeurs. Il y a plus de bénéfices à retirer que dans n'importe quel autre placement. Aucun ne présente autant d'avantages que l'immobilier. L'agglomération continue à grandir et ses besoins ne connaissent pas de limites.
Dakar engloutit des quantités grandissantes d'eau potable. « En 1994, on évaluait à 100.000 m3 par jour le déficit en eau potable dans la capitale. De nombreux quartiers dakarois connaissaient des ruptures fréquentes dans l'alimentation en eau potable. Des investissements évalués à plus de 60 milliards de francs CFA (valeur courante) étaient alors nécessaires pour accroître la production d'eau potable, réhabiliter le réseau de distribution (datant de la colonisation) et l'étendre vers les quartiers périphériques de la ville. » Des sociétés para-publiques, telles la Société Nationale des Eaux du Sénégal (SONES) et la Société des Eaux du Sénégal (SDE) viennent au secours de l'Etat et financent l'augmentation de la production de 192.000 à 353.000 mètres – cubes par jour entre 1996 et 2006. L'accès direct à l'eau par branchement individuel concerne désormais les trois quarts de la population dakaroise, tandis que le dernier quart bénéficie de l'installation de bornes – fontaines (4.250 en 2003, + 60 % depuis 1996). Les banlieues périphériques ne bénéficient que rarement de l'adduction [Briand, Nauges & Travers / Choix d'approvisionnement en eau des ménages de Dakar : une étude économétrique à partir de données d'enquête].
Dakar consomme également de plus en plus d'électricité. Les climatiseurs sont devenus monnaie courante. Mais le désengagement de l'Etat combiné à l'augmentation forte des prix des hydrocarbures a forcé les compagnies à réclamer des subventions supplémentaires. En l'absence de celles-ci, elles ont infligé au printemps 2006 des délestages catastrophiques pour les ménages (réfrigérateurs) autant que pour les entreprises. Une élévation des prix du courant constitue une issue probable pour l'instant repoussé par l'Etat [source].
Dakar rejette. Des sociétés privées assurent désormais la gestion de ces scories. Chaque jour, les habitants produisent 1.200 tonnes de détritus (chiffres 2000 / Source : le Soleil – 25 avril 2002), en partie enfouies sur le site de Dougar, récemment ouvert à une quarantaine de kilomètres de la capitale. Le recours à la méthanisation devrait permettre à terme de rationaliser le retraitement des déchets. L'agglomération renvoie chaque jour 200.000 mètres – cubes d'eaux usées à la nature. Certains cherchent d'ores et déjà à valoriser ces rejets et irriguer les maraîchages urbains et périurbains. Des essais sont en cours à Rufisque. Il reste que des précipitations exceptionnelles sont encore susceptibles de saturer le réseau d'égouts. Elles ont démontré le caractère excessivement rapide de l'urbanisation dakaroise (voir ici), tout comme l'encombrement quotidien de la voirie. Malgré la construction d'une autoroute urbaine, des bouchons encombrent plusieurs heures par jour les voies de communication. Les voitures cotoient taxis et mini-bus importés de France et qui commencent une deuxième vie à Dakar [source].
Dans cette grande agglomération mi - africaine et mi - occidentale, les jeunes s'amusent. Et les pauvres gênent. Trop nombreux, trop voyants. Ils vendent, déambulent, et tentent de retirer quelques miettes de la richesse dakaroise, mais la municipalité voudrait les voir déguerpir. Conflit.
PS./ Dernier papier sur l'Afrique noire : Ni saut de puce, ni puce à l'oreille.
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