L'aire urbaine de Mulhouse compte 234.400 habitants au recensement de 1999 [source], en progression annuelle de 0,2 % entre 1982 et 1990, et de 0,3 % entre 1990 et 1999. La population de la commune est passée de 109.900 (1990) à 112.000 (1999) [source] puis s'est stabilisée à 111.700 habitants en 2004. Mais l'étude de la structure des ménages montre une fragilisation. Le nombre de célibataires s'accroît à un rythme accéléré : + 5 % entre 1999 et 2005 sur la commune de Mulhouse. En 1999, les ménages comptent en moyenne 2,3 personnes contre 2,2 en 2005. Témoin d'un vieillissement de la population, la répartition par âge s'est infléchie. Tandis que les plus de 60 ans (représentant entre 15 et 20 % du total) et les moins de 19 ans (environ 25 %) restent à proportions égales, les 20 – 39 ans reculent au profit des 40 – 59 ans [source]. Mulhouse, ville du passé ?
Au sud de la Plaine d'Alsace, le site originel de Mulhouse ne présente guère d'intérêt, au milieu du ried de l'Ill (la rivière qui rejoint le Rhin à Strasbourg) cette vallée inondée autrefois recouverte de roseraies. La ville a en revanche profité de sa position de carrefour, proche du Rhin, aux confins de la Rhénanie et du canton de Bâle, aux abords de la porte de Bourgogne qui assure la communication avec la vallée de la Saône. Le creusement du canal du Rhône au Rhin entamé à la veille de la Révolution française (1784) et terminé au début du règne de Louis – Philippe (1833), suivi par la construction des voies de chemin de fer assurent un temps la prospérité industrielle de Mulhouse. La ville tire profit de l'exploitation et de la transformation des ressources minières de la région (en particulier la potasse)... mais aussi de l'hydroélectricité produite grâce aux torrents des Vosges alsaciennes.
En 1991, Pierre Estienne [Les Régions Françaises – Masson / P.137] ne cache pas son pessimisme sur l'aire urbaine dont il estime alors la population totale à 225.000 habitants. « Le rôle du patronat calviniste, milieu d'affaires très fermé, a été essentiel ; sa fortune ancienne s'étale dans le somptueux quartier du Rebsberg, au sud de la gare ; mais il a perdu les leviers de commande, bien pris en main par les industries récentes. Mulhouse souhaiterait être le noyau français du complexe bâlois ; mais son carrefour routier est médiocre, l'étoile ferroviaire n'a plus qu'un rôle secondaire, et l'aéroport international de Bâle – Mulhouse, au trafic modeste, intéresse les bâlois. Pas de place pour le négoce et la banque, face à Bâle. L'Université du Haut – Rhin (1977) a rassemblé des établissements hétéroclites, qui ne font pas le poids (5.000 étudiants) face à Bâle et surtout à Strasbourg. »
Grégoire Allix dans le Monde évoque justement le lien entre l'université de Mulhouse et son passé industriel. A la suite de plusieurs années de travaux, le bâtiment principal de la Société Alsacienne des Constructions Mécaniques édifié en 1920 en acier et béton, accueille désormais la faculté des sciences économiques, sociales et juridiques (images). La municipalité reconstruit sur les friches sans raser le bâti, en associant des bâtiments administratifs, une clinique et des immeubles d'habitations « faire revenir dans un centre-ville paupérisé des classes moyennes enfuies en banlieue. » La pression fiscale n'a-t-elle pas justement contribué à les faire partir ? Jean-Marie Bockel qui brigue un quatrième mandat l'an prochain et son équipe ont en effet dépensé largement : le tram – train en constitue un exemple spectaculaire. Dans ces conditions, la municipalité s'interroge tardivement sur le départ en périphérie des ménages les plus solvables, critiquant au passage les communes retives à l'intercommunalité, « Une mutualisation des ressources et des infrastructures d'autant plus souhaitée que les communes qui manquent à l'appel sont aussi... les plus riches. »
La rénovation des friches industrielles et la réinstallation sur un nouveau site de l'université illustrent en réalité le volontarisme politique à la française. Gérer une collectivité revient alors à dépenser l'argent public sans s'inquiéter de l'absence de retombées économiques. Cette gestion locale ponctuée de grands travaux signe un complet désintérêt vis-à-vis des questions financières. On sollicite au départ aides et subventions, unique contre-temps empêchant de boucler le dossier. Dans le cas du bâtiment de la SACM, Grégoire Allix indique bien combien la métamorphose des murs représentait un tour de force : [l'ancienne usine] « ne se prête pas aisément à la reconversion ». Il faut ainsi repenser la structure même du bâtiment à cause du risque sismique. Les responsables de l'université hésitaient devant le projet, concède le maire, mais on ne saura pas si c'est à cause de la facture finale. Les aménageurs auront consacré 38 millions d'euros pour 2.000 étudiants, un RU (restaurant universitaire), une bibliothèque, des archives municipales (cherchaient-elles de nouveaux rayonnages ?), un centre d'art et une maison de quartier... Un cabinet mulhousien et une agence de Colmar ont évidemment remporté les appels d'offres, et chacun se congratule. Car l'ensemble a manifestement fière allure, avec du verre et plusieurs niveaux pour circuler, voir et se promener sous les regards.
Mais pour terminer d'aménager la ZAC, il reste désormais onze hectares sur douze. « Les équipements publics ne sont pas multipliables à l'infini et l'argent manque ». Mitsubishi et Wartsila ont maintenu leurs activités : il en faudrait d'autres. Demandera-t-on à Peugeot PSA ? « La ville, propriétaire de la totalité du site, cherche à créer là un village d'entreprises, manière de ne pas gommer le passé industriel de ce quartier en gestation. » Les incantations ne suffiront pas, et rien ne permet de penser que la faculté – fonderie changera les perspectives économiques de l'aire urbaine. Les étudiants viennent à la fonderie, les pauvres ouvriers travailleront dans les friches, et il y a fort à parier que les riches contribuables continueront d'habiter à l'extérieur de Mulhouse.
Au sud de la Plaine d'Alsace, le site originel de Mulhouse ne présente guère d'intérêt, au milieu du ried de l'Ill (la rivière qui rejoint le Rhin à Strasbourg) cette vallée inondée autrefois recouverte de roseraies. La ville a en revanche profité de sa position de carrefour, proche du Rhin, aux confins de la Rhénanie et du canton de Bâle, aux abords de la porte de Bourgogne qui assure la communication avec la vallée de la Saône. Le creusement du canal du Rhône au Rhin entamé à la veille de la Révolution française (1784) et terminé au début du règne de Louis – Philippe (1833), suivi par la construction des voies de chemin de fer assurent un temps la prospérité industrielle de Mulhouse. La ville tire profit de l'exploitation et de la transformation des ressources minières de la région (en particulier la potasse)... mais aussi de l'hydroélectricité produite grâce aux torrents des Vosges alsaciennes.
En 1991, Pierre Estienne [Les Régions Françaises – Masson / P.137] ne cache pas son pessimisme sur l'aire urbaine dont il estime alors la population totale à 225.000 habitants. « Le rôle du patronat calviniste, milieu d'affaires très fermé, a été essentiel ; sa fortune ancienne s'étale dans le somptueux quartier du Rebsberg, au sud de la gare ; mais il a perdu les leviers de commande, bien pris en main par les industries récentes. Mulhouse souhaiterait être le noyau français du complexe bâlois ; mais son carrefour routier est médiocre, l'étoile ferroviaire n'a plus qu'un rôle secondaire, et l'aéroport international de Bâle – Mulhouse, au trafic modeste, intéresse les bâlois. Pas de place pour le négoce et la banque, face à Bâle. L'Université du Haut – Rhin (1977) a rassemblé des établissements hétéroclites, qui ne font pas le poids (5.000 étudiants) face à Bâle et surtout à Strasbourg. »
Grégoire Allix dans le Monde évoque justement le lien entre l'université de Mulhouse et son passé industriel. A la suite de plusieurs années de travaux, le bâtiment principal de la Société Alsacienne des Constructions Mécaniques édifié en 1920 en acier et béton, accueille désormais la faculté des sciences économiques, sociales et juridiques (images). La municipalité reconstruit sur les friches sans raser le bâti, en associant des bâtiments administratifs, une clinique et des immeubles d'habitations « faire revenir dans un centre-ville paupérisé des classes moyennes enfuies en banlieue. » La pression fiscale n'a-t-elle pas justement contribué à les faire partir ? Jean-Marie Bockel qui brigue un quatrième mandat l'an prochain et son équipe ont en effet dépensé largement : le tram – train en constitue un exemple spectaculaire. Dans ces conditions, la municipalité s'interroge tardivement sur le départ en périphérie des ménages les plus solvables, critiquant au passage les communes retives à l'intercommunalité, « Une mutualisation des ressources et des infrastructures d'autant plus souhaitée que les communes qui manquent à l'appel sont aussi... les plus riches. »
La rénovation des friches industrielles et la réinstallation sur un nouveau site de l'université illustrent en réalité le volontarisme politique à la française. Gérer une collectivité revient alors à dépenser l'argent public sans s'inquiéter de l'absence de retombées économiques. Cette gestion locale ponctuée de grands travaux signe un complet désintérêt vis-à-vis des questions financières. On sollicite au départ aides et subventions, unique contre-temps empêchant de boucler le dossier. Dans le cas du bâtiment de la SACM, Grégoire Allix indique bien combien la métamorphose des murs représentait un tour de force : [l'ancienne usine] « ne se prête pas aisément à la reconversion ». Il faut ainsi repenser la structure même du bâtiment à cause du risque sismique. Les responsables de l'université hésitaient devant le projet, concède le maire, mais on ne saura pas si c'est à cause de la facture finale. Les aménageurs auront consacré 38 millions d'euros pour 2.000 étudiants, un RU (restaurant universitaire), une bibliothèque, des archives municipales (cherchaient-elles de nouveaux rayonnages ?), un centre d'art et une maison de quartier... Un cabinet mulhousien et une agence de Colmar ont évidemment remporté les appels d'offres, et chacun se congratule. Car l'ensemble a manifestement fière allure, avec du verre et plusieurs niveaux pour circuler, voir et se promener sous les regards.
Mais pour terminer d'aménager la ZAC, il reste désormais onze hectares sur douze. « Les équipements publics ne sont pas multipliables à l'infini et l'argent manque ». Mitsubishi et Wartsila ont maintenu leurs activités : il en faudrait d'autres. Demandera-t-on à Peugeot PSA ? « La ville, propriétaire de la totalité du site, cherche à créer là un village d'entreprises, manière de ne pas gommer le passé industriel de ce quartier en gestation. » Les incantations ne suffiront pas, et rien ne permet de penser que la faculté – fonderie changera les perspectives économiques de l'aire urbaine. Les étudiants viennent à la fonderie, les pauvres ouvriers travailleront dans les friches, et il y a fort à parier que les riches contribuables continueront d'habiter à l'extérieur de Mulhouse.
PS./ Dernier article de géo urbaine & gestion urbaine : Ne pas confondre changer 'les Hauts du Lièvre' et poser un lapin.
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