Il y a trente deux ans le père de l'actuel roi du Maroc, Hassan II, lance ce que l'on a appelé à l'époque la Marche Verte. Il enjoint la population marocaine à se masser sur la frontière méridionale du royaume. Le 6 novembre 1975, 350.000 Marocains entament une marche dans le désert en direction du Sahara occidental, l'ancienne colonie espagnole. Ils sont censés symboliser l'équivalent de la natalité annuelle du pays. La décision rendue quelques jours plus tôt par la Cour internationale de Justice déplaît à la cour de Rabat. Les magistrats de La Haye reconnaîssent bien une communauté de destin entre le Maroc et le territoire immédiatement voisin, mais ils se prononcent en faveur d'un vote d'autodétermination pour les Sahraouis. Hassan II outrepasse donc cette décision au vu et au su des journalistes et cameramen du monde entier. Des cars et camions emmenent ces milliers de Marocains vers le sud. Beaucoup espèrent recevoir en récompense de leur participation une terre à cultiver, de quoi quitter leur vie de misère.
A l'occasion de cette Marche Verte, le monarque démontre la force logistique de son armée, en même temps qu'il assoit son autorité, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. [source]. La rébellion sahraouie se retourne alors assez logiquement contre la nouvelle puissance occupante. [source] Créé en mai 1973, le Front populaire pour la libération de Saguiet el-Hamra et du Rio de Oro (Front Polisario) revendique depuis plusieurs mois l'indépendance du Sahara occidental. Il compte sur le soutien des militaires algériens, aussi soucieux de nuire à leurs homologues marocains que d'étendre l'influence d'Alger dans cette partie du Sahara...
A elle seule, Tindouf – voir carte – matérialise le soutien d'Alger aux rebelles. Base arrière, la ville située à l'extrême ouest du sahara algérien accueille les camps dans lesquels sont enfermés les soldats faits prisonniers au cours des accrochages contre l'armée marocaine. En août 2005, le Front Polisario annonce la libération des 400 derniers militaires retenus sur place, pour certains depuis des années. [source] Le 10 octobre 2007, à l'assemblée générale des Nations Unies (Quatrième commission), le Front Polisario est accusé de retenir contre leur gré des familles à Tindouf et d'envoyer de force des jeunes à Cuba, officiellement pour suivre des formations dans l'île. La représentante de l'association Family Protection relève en outre qu'Alger porte une responsabilité écrasante : « La zone de Tindouf est une zone militaire algérienne que les citoyens algériens eux-mêmes ne sont pas autorisés à visiter, a-t-elle dit. ' Les Sahraouis sont un peuple nomade que l’on maintient incarcéré dans ces camps' ».
A partir du début des années 1980, l'armée marocaine rencontrant des difficultés face aux unités rebelles qui la harcèlent par delà les frontières internationales, Rabat décide l'érection d'une ligne de défense sur plus de 2.000 kilomètres, le long de la frontière entre le Sahara occidental et la Mauritanie. Les Forces Armées Royales (FAR) ont depuis complété le mur par des champs de mines et des postes fortifiés, dotés de pièces d'artillerie, équipés de radars et de divers moyens de surveillance. 110.000 soldats y stationnent à l'année, simples hommes du rang ou membres des unités d'intervention rapide : environ la moitié de l'armée marocaine. L'ensemble du dispositif se révèle efficace et contient à l'extérieur du territoire les rebelles du Front Polisario, mais aussi les nomades sahariens [source].
Le coût est élevé [source / Page 16] même si Rabat refuse d'estimer le montant de ses investissements au Sahara occidental. Les FAR y engloutissent une partie de leurs budgets (la moitié, si l'on s'en tient aux effectifs mobilisés sur place), en partie pris en charge par l'Arabie Saoudite. Dans la province, les hommes d'affaires bénéficient d'exonérations fiscales tandis que les fonctionnaires détachés sur place reçoivent des primes. Compte tenu des constructions (aéroports, routes ou encore logements), et du raccordement des réseaux d'eau et d'électricité, le Maroc a consacré au total des centaines de millions de dollars pour le Sahara occidental... « Le coût du non – développement » pour l'ensemble du pays [Id. / source : Crisis Group & Fouad Abdelmoumni, membre de l'Association marocaine des droits de l'homme (Rabat, février 2007)]
Luis de Vega, dans ABC [traduction dans le Courrier International n°888 / Du 8 au 14 novembre 2007] donne un aperçu peu flatteur de la situation, dans ce no man's land de trente kilomètres de large, aménagé le long du mur de défense, aux confins orientaux du Sahara occidental. Le journaliste parle également des casques bleus (présents depuis le cessez-le feu de 1991) de la Mission des Nations Unies pour l'Organisation d'un Référendum au Sahara-Occidental (Minurso). Les militaires issus de onze nationalités différentes constatent peu d'infractions. Ils s'ennuient, et l'autodétermination tarde. Alger tient ferme et Mohammed VI en visite à El-Ayoun en mars 2006 n'annonce qu'une évolution timide de Rabat vis-à-vis de sa province administrée. Il évoque une autonomie mais rappelle que les Marocains ne lâcheront « aucun grain de sable du désert », tels les nouveaux travaux d'Hercule [source]
Pendant ce temps, les rebelles du désert trouvent d'autres sources de financement... Trafics d'armes, de clandestins. La rumeur de collusion entre le Front Polisario et le terrorisme islamiste provient quant à elle de sources marocaines !
A l'occasion de cette Marche Verte, le monarque démontre la force logistique de son armée, en même temps qu'il assoit son autorité, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. [source]. La rébellion sahraouie se retourne alors assez logiquement contre la nouvelle puissance occupante. [source] Créé en mai 1973, le Front populaire pour la libération de Saguiet el-Hamra et du Rio de Oro (Front Polisario) revendique depuis plusieurs mois l'indépendance du Sahara occidental. Il compte sur le soutien des militaires algériens, aussi soucieux de nuire à leurs homologues marocains que d'étendre l'influence d'Alger dans cette partie du Sahara...
A elle seule, Tindouf – voir carte – matérialise le soutien d'Alger aux rebelles. Base arrière, la ville située à l'extrême ouest du sahara algérien accueille les camps dans lesquels sont enfermés les soldats faits prisonniers au cours des accrochages contre l'armée marocaine. En août 2005, le Front Polisario annonce la libération des 400 derniers militaires retenus sur place, pour certains depuis des années. [source] Le 10 octobre 2007, à l'assemblée générale des Nations Unies (Quatrième commission), le Front Polisario est accusé de retenir contre leur gré des familles à Tindouf et d'envoyer de force des jeunes à Cuba, officiellement pour suivre des formations dans l'île. La représentante de l'association Family Protection relève en outre qu'Alger porte une responsabilité écrasante : « La zone de Tindouf est une zone militaire algérienne que les citoyens algériens eux-mêmes ne sont pas autorisés à visiter, a-t-elle dit. ' Les Sahraouis sont un peuple nomade que l’on maintient incarcéré dans ces camps' ».
A partir du début des années 1980, l'armée marocaine rencontrant des difficultés face aux unités rebelles qui la harcèlent par delà les frontières internationales, Rabat décide l'érection d'une ligne de défense sur plus de 2.000 kilomètres, le long de la frontière entre le Sahara occidental et la Mauritanie. Les Forces Armées Royales (FAR) ont depuis complété le mur par des champs de mines et des postes fortifiés, dotés de pièces d'artillerie, équipés de radars et de divers moyens de surveillance. 110.000 soldats y stationnent à l'année, simples hommes du rang ou membres des unités d'intervention rapide : environ la moitié de l'armée marocaine. L'ensemble du dispositif se révèle efficace et contient à l'extérieur du territoire les rebelles du Front Polisario, mais aussi les nomades sahariens [source].
Le coût est élevé [source / Page 16] même si Rabat refuse d'estimer le montant de ses investissements au Sahara occidental. Les FAR y engloutissent une partie de leurs budgets (la moitié, si l'on s'en tient aux effectifs mobilisés sur place), en partie pris en charge par l'Arabie Saoudite. Dans la province, les hommes d'affaires bénéficient d'exonérations fiscales tandis que les fonctionnaires détachés sur place reçoivent des primes. Compte tenu des constructions (aéroports, routes ou encore logements), et du raccordement des réseaux d'eau et d'électricité, le Maroc a consacré au total des centaines de millions de dollars pour le Sahara occidental... « Le coût du non – développement » pour l'ensemble du pays [Id. / source : Crisis Group & Fouad Abdelmoumni, membre de l'Association marocaine des droits de l'homme (Rabat, février 2007)]
Luis de Vega, dans ABC [traduction dans le Courrier International n°888 / Du 8 au 14 novembre 2007] donne un aperçu peu flatteur de la situation, dans ce no man's land de trente kilomètres de large, aménagé le long du mur de défense, aux confins orientaux du Sahara occidental. Le journaliste parle également des casques bleus (présents depuis le cessez-le feu de 1991) de la Mission des Nations Unies pour l'Organisation d'un Référendum au Sahara-Occidental (Minurso). Les militaires issus de onze nationalités différentes constatent peu d'infractions. Ils s'ennuient, et l'autodétermination tarde. Alger tient ferme et Mohammed VI en visite à El-Ayoun en mars 2006 n'annonce qu'une évolution timide de Rabat vis-à-vis de sa province administrée. Il évoque une autonomie mais rappelle que les Marocains ne lâcheront « aucun grain de sable du désert », tels les nouveaux travaux d'Hercule [source]
Pendant ce temps, les rebelles du désert trouvent d'autres sources de financement... Trafics d'armes, de clandestins. La rumeur de collusion entre le Front Polisario et le terrorisme islamiste provient quant à elle de sources marocaines !
PS./ Dernier papier sur le Sahara : Ni saut de puce, ni puce à l'oreille.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire